Le Soir – Edition du 11 février 2005 (Article réalisé par Dirk Vanoverbeke)

 

« Je suis inquiet pour l’avenir de la Belgique »

Pas de trêve carnavalesque pour le feuilleton de Bruxelles-Hal-Vilvorde : les deux ministres des réformes institutionnelles, Didier Reynders (MR) et Johan Vande Lanotte (SP. A), consultent. Ils ont entamé leurs rencontres bilatérales avec chacun des membres du groupe de travail, à l’abri des caméras, en utilisant la technique feutrée dite du « confessionnal ». Christos Doulkeridis (Ecolo) y est passé jeudi. Et s’inquiète plus que jamais pour l’avenir de la Belgique. Explications. Didier Reynders et Johan Vande Lanotte avaient largement insisté sur la nécessité pour chacun d’assumer ses responsabilités, d’oeuvrer dans la discrétion, loin des caméras, histoire de ne pas enflammer le processus. Très bien, sauf que le premier à sortir du bois, c’est Reynders lui-même : Docteur Jekyll quand il est ministre des Réformes institutionnelles et Mister Hyde lorsqu’il reprend la présidence du MR. Didier Reynders se veut constructif et pacificateur en qualité de ministre, mais, trois jours plus tard (lors d’une interview publiée le week-end dernier dans « Le Soir », NDLR), il fait exploser la situation en déclarant : « Je n’ai pas d’obligation de résultat ». La priorité d’un ministre des Réformes institutionnelles et d’un vice-Premier ministre consiste-t-elle à jeter de l’huile sur le feu communautaire ? Il est un peu fort de s’exprimer ainsi pour quelqu’un dont la fonction consiste justement à prendre ses responsabilités. Les problèmes communautaires continuent à faire la une, alors que les priorités sont ailleurs. Quand je constate qu’au MR, comme au PS, on passe surtout son temps à faire porter le chapeau à l’autre, je ne suis pas optimiste sur l’état du gouvernement. Surtout, cela fragilise le pays et met, pour beaucoup d’observateurs, le doigt sur la difficulté de vivre ensemble. Cela fait le jeu des partis séparatistes. . .

Les passages au confessionnal concerneront aussi Luc Van den Brande (CD&V), ex-ministre président flamand, et Bart De Wever, président de la N. VA. Si le cartel a décidé de claquer la porte du groupe de travail, ses représentants entendront les ministres des Réformes institutionnelles. Histoire de ne pas se faire reprocher d’avoir été les auteurs de l’échec institutionnel. Qui se profile manifestement sans leur aide.