A l’occasion des fêtes de la Communauté française, vous trouverez ci-dessous une interview accordée à la Libre Belgique.

La Communauté française est en fête ce 27 septembre. Pour le président du Parlement francophone bruxellois, Christos Doulkeridis (Ecolo), « il est temps d’agir ». Surtout en matière d’enseignement.

Entretien

Après plus d’un an de crise institutionnelle, la Fête de la Communauté française, ce samedi 27 septembre, vient rappeler aux citoyens et hommes politiques une page de l’histoire de l’indépendance belge. C’est, en effet, dans la nuit du 26 au 27 septembre 1830 que se sont retirées de Bruxelles les troupes hollandaises, entrées le 23 septembre sous la conduite du prince Frédéric, deuxième fils de Guillaume Ier d’Orange.

A Bruxelles, la Commission communautaire française (Cocof) est compétente pour les institutions monocommunautaires francophones et met donc aussi à l’honneur la Communauté française.

Malgré une année institutionnelle difficile, Christos Doulkeridis (Ecolo), président du Parlement francophone bruxellois, veut épingler « des éléments positifs ». Primo, « en un an, il y a eu une meilleure prise de conscience des spécificités bruxelloises et du fait que la Région bruxelloise n’égale pas certains bassins de vie de la Région wallonne, et que, par conséquent, des politiques différenciées sont nécessaires pour toutes les politiques qui doivent être menées par la Communauté française », constate-t-il. Secundo, « Bruxelles mise à l’honneur lors des Fêtes de Wallonie a une symbolique importante », poursuit l’élu vert. « A savoir : « Nous, Wallons, reconnaissons Bruxelles comme une Région à part entière, qui a des spécificités, et avec laquelle nous voulons collaborer ». » En revanche, « il est très dommage que la Flandre n’ait pas du tout fait le chemin parallèle ». « Cela l’est d’autant plus que Bruxelles, majoritairement francophone, est une capitale nationale et internationale hétérogène où se concentrent une multiplicité de nationalités ainsi qu’une minorité flamande, importante, qui construit la richesse de Bruxelles. »

« Concrétiser les discours »

Egalement membre du Groupe Wallonie-Bruxelles, Christos Doulkeridis « salue positivement les gestes symboliques qui ont été posés ». Néanmoins, « la situation sur le terrain reste identique ». « Je ne voudrais pas que parce qu’il y a des élections dans neuf mois, on attende encore longtemps avant de concrétiser les discours. Qu’attend-on pour avancer ? » En ligne de mire : l’enseignement. Il alerte : « La situation sur le terrain bruxellois est dramatique ! Le diagnostic est posé : aucune des offres d’enseignement actuellement disponibles ne corrige structurellement les inégalités sociales avec lesquelles les enfants arrivent à l’école. » Pour lui, « Communauté française et Région doivent se mobiliser tout de suite sur certains défis », dont l’alphabétisation et l’apprentissage des langues (« offrir un autre type de formation à Bruxelles dans les langues, en néerlandais et en anglais »). « Si la Communauté française veut continuer à exercer ses compétences de façon principale à Bruxelles, alors, elle doit montrer qu’elle peut tenir compte des spécificités bruxelloises », clame-t-il encore.

Toutefois, « les Bruxellois doivent aussi mettre la pression, car la formation est la clé de voûte de l’insertion », défend Christos Doulkeridis. « L’intérêt de Bruxelles est de faire avancer l’idée qu’elle connaît un bassin de vie global particulier », indique-t-il. Pour ce faire, « nous devrions essayer de mettre autour de la table tous les acteurs de la formation et de l’enseignement pour prendre conscience des spécificités de Bruxelles et voir comment, en gardant les compétences de chacun, répondre à ces spécificités », explique-t-il, précisant que « cette idée est prévue dans l’Accord de gouvernement de la Région bruxelloise » et qu’ »il est encore temps de le faire avant les élections ». « Il faut arrêter de construire des murs. On a besoin de ponts pour travailler ensemble et progresser. »

Dialogue interculturel

En cette année européenne du dialogue interculturel, Christos Doulkeridis, lors de son discours de rentrée ce vendredi soir à l’occasion de la Fête de la Communauté française, insistera sur l’interculturalité de Bruxelles. « Bruxelles est une capitale internationale. Le destin de toutes les grandes villes est de brasser des gens venant d’un peu partout », affirme-t-il. « L’enjeu est de trouver un terrain commun. Et la langue joue un rôle là-dedans. A Bruxelles, la langue majoritaire est le français, mais Bruxelles est une capitale internationale où sont présentes d’autres langues : il faudra réfléchir à la nécessité de plus en plus forte d’apprendre le néerlandais et l’anglais. » Pour lui, « l’enjeu est le destin commun de Bruxelles à construire ensemble ». « Le dialogue interculturel est un défi de toutes les villes que l’enseignement, notamment, peut aider à relever. »