Ce lundi 11 mai 2009, j’ai été interviewé sur les grands défis à relever en matière d’emploi pour réussir la transition verte de notre économie à Bruxelles. Selon moi, il faut des formations adéquates…
Interview réalisée par Francesco Randisi pour le journal « Metro ».

BRUXELLES Malgré des sondages plutôt favorables, Christos Doulkeridis, le chef de file des écologistes bruxellois aux côtés d’Evelyne Huytebroeck, ne prend pas la grosse tête. Extrêmement lucide face aux défis qui attendent la capitale, il propose de miser sur la formation pour favoriser la transition verte de notre économie.

Bruxelles vit toujours en plein le paradoxe d’être une région riche avec une des populations les plus défavorisée. C’est une fatalité ?

« Bien sûr que non. On ne peut pas se contenter de dénoncer ce fait. Cela nécessite une mobilisation et un volontarisme à tous les étages. Comme je l’ai constaté lors de mes travaux sur la sous-représentation des Bruxellois dans les administrations publiques, on ne règle jamais le problème avec une seule solution. »

Vous proposez un Green Deal pour la capitale. Cela va-t-il vraiment relancer la création d’emploi à Bruxelles ?

« A Bruxelles, mais aussi en Wallonie et en Flandre. Dans la capitale, il faut le faire en investissant dans les secteurs renouvelables. On a déjà commencé grâce au travail d’Evelyne Huytebroeck. La ministre de l’Environnement et de l’Energie est sans doute la ministre qui, dans ses compétences, a créé directement ou indirectement le plus d’emplois. Il y a quelques années, on accusait Ecolo d’être les fossoyeurs de l’emploi. Aujourd’hui, on se rend compte que nous en sommes les meilleurs garants. »

Mais ces emplois verts seront-ils accessibles aux Bruxellois ?

« Pour permettre aux Bruxellois d’accéder à ces emplois, il faut des formations adéquates. C’est le chaînon qui manque aujourd’hui. Si nous voulons permettre aux citoyens d’être sur la balle des nouveaux métiers qui déboucheront de la nouvelle économie verte, il faut y penser maintenant. Sinon, on risque d’acheter les technologies et les produits qui nous permettront de relever le défi climatique. »

Ça passe donc par un effort particulier sur l’enseignement qualifiant ?

« Tout le monde parle de revaloriser l’enseignement technique et professionnel. Mais la différence d’Ecolo, c’est qu’on donne une direction à cette revalorisation. Il faut la faire dans le sens des emplois qui découleront du Green Deal. Il faut donc que les filières techniques et professionnelles soient les plus adaptées. »

Vous pensez aux métiers de la construction ?

« Les métiers verts, ce n’est pas seulement la pose du triple vitrage hautement performant ou la rénovation des toitures. C’est aussi dans la mobilité ou l’alimentation. On peut notamment faire en sorte que nos écoles d’alimentation et hôtellerie deviennent les premiers établissements ’slow food’ d’Europe. »

Il faut intégrer les notions de développement durable dès le secondaire ?

« Certainement. Mais cela ne vaut pas uniquement dans l’enseignement technique et professionnel. Il faut en faire de même dans l’enseignement général. Mais on ne peut pas attendre l’arrivée d’une nouvelle génération pour relever le défi. »

Il faut penser aux demandeurs d’emplois, alors ?

« Un gros travail est fait dans le secteur de la formation en alternance et par Bruxelles Formation et le Forem. Mais on a mis du temps à comprendre que les filières économiques vertes représentaient l’avenir. Il ne faut donc pas encore perdre cinq ans pour que les diplômés sortent. Il faut donner accès à une reconversion dans les métiers verts pour toutes ces femmes et ces hommes employés dans des filières qui pourraient être menacées. On doit leur donner la possibilité de se préparer aux nouveaux emplois qui vont émerger. »

La transition économique prônée par Ecolo doit s’accompagner d’une transition de la formation ?

« Les gens sont insécurisés. Avec les crises économiques, financières et climatiques, les gens ont peur. C’est là que le côté visionnaire des partis politiques doit entrer en jeu. Ils doivent montrer qu’ils sont déjà prêts à assumer la transition. Ecolo est certainement le plus prêt. Si on parle de formation, c’est aussi pour montrer aux gens que nous sommes prêts à les aider à assurer la transition économique. »

Ecolo se présente avec un état d’esprit clairement plus ambitieux qu’il y a 5 ans ?

« Vous ne nous entendrez jamais dire en campagne que notre objectif est de devenir le premier parti de la capitale ou de la gauche. C’est une forme de communication politique terriblement machiste qui ne correspond pas à Ecolo. Nous étions 4e parti en 2004. Aujourd’hui, nous voulons surtout être le parti le plus ambitieux pour les Bruxellois. On l’a été pendant 5 ans. Mais il faudra un soutien massif des électeurs pour avoir les moyens d’augmenter notre empreinte dans les politiques qui seront menées. »

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