Ce mercredi 24 mars, j’ai participé à l’inauguration de la Maison-relais « la Fraternité » situé chaussée d’Anvers (Bruxelles Ville). Cette initiative est le fruit d’une collaboration entre la Fondation Henri Servais, la Fondation Habitat et Humanisme, l’AIS Logement pour Tous, La maison d’accueil « la maison Rue verte » et l’AIPL Fami-Home. Cet immeuble est un exemple exceptionnel de solidarité trans-associative, il réunit plusieurs projets associatifs visant à faciliter l’accès au logement pour des personnes à faibles revenus.
Plusieurs aspects de ce projet sont assez surprenants et j’aimerais les souligner. Premièrement, au-delà de la manière innovante de concevoir l’habitat en terme de solidarité et de cohésion sur laquelle repose le projet, ces concepts de solidarité et de cohésion sont au cœur même du montage du projet et se matérialisent à travers l’étroite collaboration qui unit les acteurs associatifs qui s’impliquent dans le projet. En effet, si l’on comptabilise les promoteurs et partenaires financiers, les gestionnaires des logements abordables et les associations qui réaliseront leur travail social au rez-de-chaussée de l’immeuble, c’est un projet qui repose sur la collaboration étroite de 7 acteurs différents.
Ensuite, ce projet démontre également la capacité des associations à réunir leurs efforts, ressources et compétences pour intervenir directement sur le marché immobilier à travers l’acquisition de patrimoine. Il faut à cet égard souligner l’important travail réalisé par Habitat & Humanisme qui, héritant de l’immeuble pour une somme symbolique, a réussi à coordonner toutes les énergies pour développer un projet d’une utilité sociale incontestable. C’est là une évolution intéressante qui permet sans doute de pérenniser l’action sociale de chacun des partenaires.
Enfin, le partenariat effectué entre les différentes associations permet également d’assurer un accompagnement de qualité de publics particulièrement défavorisés. Si la gestion globale des logements prise en charge par l’AIS « Logements pour tous » garantit la solvabilisation de l’opération, l’implication de « Fami-Home » pour le logement solidaire et de la « Maison Rue Verte » pour les deux logements de transit, assurent un accompagnement continu de personnes issues de la rue ou de maisons d’accueil. Or, on le sait, c’est bien souvent l’absence d’un tel suivi qui compromet la stabilisation dans leurs logements de publics provenant de dispositifs d’urgence.
Dans le cas du logement pour 4 personnes pris en charge par Fami-Home, la sortie de la spirale de logements successifs et provisoires est garantie par un projet qui responsabilise, revalorise l’individu et affirme des valeurs collectives qui combattent l’isolement.
Dans le cas des 2 logements de transit pris en charge par la Maison rue Verte, c’est davantage l’articulation avec la maison d’accueil dont seront issues les familles bénéficiant des logements qui assure la stabilité du projet. La proximité physique de l’immeuble à la maison d’accueil est sûrement un facteur de réussite de cette articulation.
Dans le même esprit, je me dois également de féliciter la mise à disposition du rez-de-chaussée de l’immeuble à deux Asbl qui se veulent ouvertes sur le quartier et aux problèmes auxquels il est confronté. En effet l’Asbl Petits boulots du quartier Nord visent les jeunes en décrochage scolaire, en offrant notamment des formations et l’Asbl « Loveren Vluchtenligenwerk Vlanderen » dont le projet « Soup and Information for Asylum Seeker » s’adresse plus particulièrement aux demandeurs d’asile fréquentant le quartier dans le cadre du traitement administratif de leur dossier et leur offre un repas sur le temps de midi. Ce sont bien là deux projets intégrés aux besoins locaux.
Soutenir le secteur associatif
Compte tenu de ces aspects positifs, il me semble important d’entreprendre différentes actions pour soutenir ce genre initiative.
Concernant l’habitat solidaire, je me suis assuré auprès de Monsieur Cerexhe, que les 20 ACS affectés au soutien de projet de logements solidaires soient effectivement mis à disposition des associations retenues. Ce qui sera le cas en fin d’année. J’entamerai par la suite une réflexion avec le secteur pour m’assurer que les conditions positives au développement de ces initiatives soient garanties. Une reconnaissance de cette forme d’habitat dans le secteur des AIS sera notamment envisagée.
Concernant le logement de transit, que je considère comme un maillon important de la chaîne de la politique du logement, situé aux frontières de l’action sociale et de la politique du logement, je compte initier plusieurs démarches. Le secteur du logement de transit n’a pas encore été systématisé dans le cadre d’une législation propre dans notre région : le code du logement bruxellois ne les évoque que dans le cadre du régime des agences immobilières sociales. Ainsi, après avoir étudié attentivement la situation des Régions voisines qui ont réalisé des avancées en la matière depuis plusieurs années, je demanderai à l’administration d’élaborer une proposition adaptée à la Région bruxelloise. Dans ce sens, j’ai déjà demandé à l’administration régionale de me faire un rapport de synthèse sur les législations cadres existantes, et leurs usages, dans les deux autres régions et ce, afin de pouvoir tirer profit des régimes qui y existent depuis plusieurs années. Parallèlement, je prendrai les contacts utiles tant avec les représentants associatifs du secteur qu’avec les Communautés et Commissions communautaires pour envisager les éventuelles synergies auxquelles il conviendrait que la législation en cours d’élaboration soit attentive. Dans ce cadre, il s’agira aussi de définir les conditions à mettre en œuvre pour renforcer l’actuel dispositif de logement de transit existant dans le secteur des AIS.
Enfin, la pertinence des logements de transit est conditionnée par l’existence d’une offre suffisante de logements durables vraiment accessibles financièrement.
Ces formules reposent, tout comme ce projet trans-associatif, sur la mixité en matière d’offres de services et de logements, mais surtout il repose également sur un principe de maîtrise foncière des terrains affectés aux projets soutenus, afin de garantir accessibilité financière et pérennité aux initiatives soutenues. En effet, la politique du logement ne peut reposer sur la seule mise à disposition de terrain par de généreux donateurs…