Une société immobilière propose une formule « anti-squat » qui consiste à permettre l’occupation temporaire d’immeubles à l’abandon pendant une courte période. L’idée semble intéressante à première vue et a fait l’objet d’un débat lors de la dernière Commission Logement.
Personnellement, je ne suis pas convaincu qu’il s’agisse d’une réponse suffisante à la crise du logement que traverse la Région bruxelloise. J’ai eu l’occasion de rencontrer des représentants de cette société immobilière et j’en ai conclu qu’il n’était pas judicieux de systématiser cette formule. Voici pourquoi:

1. Cette formule est intéressante pour le propriétaire du bien à l’abandon. Pas besoin de payer une société de gardiennage afin d’éviter le vandalisme, les locataires temporaires s’en chargent, voire paient (peu) pour rester… Par contre, cette formule représente un véritable coût pour l’occupant : celui de l’absence d’une stabilité dans le logement. En effet, après trois mois d’occupation, il peut se voir signaler l’ordre de déguerpir dans les 15 jours. On est donc assez loin des objectifs que je me suis fixé dans la lutte contre la crise du logement.

2. Cette formule peut parfois séduire une clientèle de jeunes isolés suffisamment mobiles mais je considère qu’elle risque de générer un sous-statut de locataires précaires en normalisant des conditions de renom bien inférieure à celles de la loi sur le bail.

3. Par ailleurs, il faut reconnaître que l’abandon délibéré d’un bien immobilier constitue une attitude condamnable. L’abandon d’immeuble a d’ailleurs  justifié la mise ne place d’une taxation sur les inoccupés.

Le service offert par cette société privée s’inscrit plus dans une optique de gardiennage alternatif que dans celle d’une réponse à la crise du logement. Par contre, j’ai déjà pris des mesures concrètes pour aider et encadrer des initiatives d’occupations temporaires de bâtiments vides. Je suis notamment intervenu en tant que facilitateur entre collectifs d’occupants et propriétaires pour favoriser la passation de conventions d’occupation dans le respect des exigences élémentaires de sécurité et de salubrité. J’ai également lancé plusieurs expériences-pilotes d’occupations temporaires dans certains logements sociaux. Dans ce cadre, la durée d’occupation minimum est d’un an et la durée de préavis de minimum 3 mois.