2013-03-04 18.20.00Depuis quelques mois, la Région de Bruxelles-Capitale a décidé de proposer une solution réellement innovante pour permettre aux familles à revenus modestes d’accéder à la propriété. Cette innovation s’appelle Community Land Trust (CLT). Il y a quelques années, les lettres CLT ou les mots Community Land Trust ne parlaient pas à grand monde. Seul une poignée d’experts auraient pu vous expliquer ce modèle de production de logement. Aujourd’hui, le Community Land Trust est devenu une réalité dont la Région bruxelloise peut s’enorgueillir. En effet, depuis quelques mois, ce qui n’était qu’un concept, un sujet d’étude, une réflexion du secteur du logement bruxellois est devenu une réalité grâce au lancement de la première opération à Anderlecht.

Cette innovation place une nouvelle fois la Région bruxelloise à l’avant-garde et suscite l’intérêt et la curiosité tant en Région wallonne qu’en Flandre. Afin de faire rayonner le modèle du Community Land Trust en Europe, plusieurs associations dont l’asbl Community Land Trust Bruxelles ont décidé d’organiser deux journées d’échanges et de réflexions sur le CLT en Belgique et en Europe.

Pour conclure ces deux journées, je participe ce soir à une soirée destinée au grand public pour faire découvrir un peu plus ce modèle de production de logements et d’accès à la propriété. Au cours de cette rencontre, j’aurai le plaisir de partager la scène avec Tony Picket (CLT Atlanta) et Brenda Torpy (Champlain Housing Trust) qui décriront les expériences de CLT qu’ils mènent depuis de nombreuses années aux Etats-Unis.

Qu’est-ce qui a séduit la Région de Bruxelles-Capitale dans ce dispositif ?

  • Son impact sur le coût du logement : Le CLT est une structure sans but lucratif qui acquiert et gère des terrains. Son objectif est d’y rénover ou d’y construire des bâtiments pour permettre à des familles à faible revenu de devenir propriétaires de leur logement ainsi que d’y favoriser l’installation d’activités collectives ouvertes aux habitants du quartier. Le principe fondamental du CLT est simple : l’idée est de séparer le coût du terrain de celui des briques.  Le CLT reste propriétaire du sol et revend le bâti aux familles qui vont y vivre.  Comme la valeur du sol n’est plus prise en compte dans la valeur du bâtiment, celui-ci est dès lors moins cher que sur le marché classique.  Le terrain reste la propriété du CLT à perpétuité mais le bâti, lui, devient la propriété des familles.
  • Son modèle qui garantit d’aider le public : En cas de revente, le propriétaire du logement reçoit la valeur de son achat initial et une partie de la plus-value acquise par son bien.  La capital ainsi constitué doit lui permettre d’envisager l’achat d’un autre bien. De son côté le CLT reste propriétaire du foncier, les subsides obtenus par le premier ménage retournent dans le patrimoine du CLT qui pourra aider d’autres familles à devenir propriétaire. Les moyens régionaux investis sont ainsi réinvestis pour soutenir d’autres familles à devenir propriétaires. En d’autres termes, le coup de pouce de la Région s’appelle « retour »;
  • Son modèle de gouvernance originale : Pour assurer un projet collectif, participatif et ouvert sur le quartier, le CLT repose aussi sur une gouvernance tout à fait innovante et est géré de manière démocratique : deux tiers des organes de décision sont composés d’habitants et de représentants du monde associatif ou d’acteurs locaux, un tiers est composé des pouvoirs publics subventionnant le CLT.

Ce modèle innovant de production de logements correspond à l’objectif d’encourager les nouvelles formes d’habitat, répondant aux besoins et tenant compte des capacités financières des familles bruxelloises.
C’est aussi le soutien à une forme d’habitat à construction participative, ouverte sur le quartier et ses habitants, qui doit être un facteur de cohésion sociale . Je suis impatient de voir se concrétiser ce projet et les autres projets de CLT régionaux en gestation en Région bruxelloise. Aujourd’hui, nous posons les premières pierres d’un modèle qui s’installera durablement dans le paysage bruxellois. D’autres opérations sont d’ailleurs déjà à l’étude. J’espère que l’exemple du CLT bruxellois sera source d’inspiration au-delà des frontières régionales.