Vous trouverez ci-dessous la question orale relative à la campagne de recrutement de la SNCB que j’ai posé ce mercredi 5 décembre 2007 en Commission des Affaires économiques au Ministre de l’Emploi de la Région bruxelloise, Benoît Cerexhe. La SNCB entend en effet embaucher 1000 personnes supplémentaires en 2008 (pour rappel, ces engagements s’inscrivent dans un large plan de recrutement de 15 000 personnes s’étalant de 2007 à 2016 -> www.lescheminsdeferengagent.be).

Il y a un an, je mettais à jour mon étude sur le faible taux d’emploi des Bruxellois au sein des administrations et des entreprises publiques autonomes. A la SNCB, ils étaient à peine 2,10%. Un constat inquiétant au vu du taux de chômage affiché par la Région bruxelloise. Cette situation ne semble pourtant pas résulter d’un désintérêt des Bruxellois pour ces emplois puisqu’ils se présentent régulièrement aux épreuves de sélection organisées pour le recrutement.

Il m’apparaît dès lors important de donner le maximum de chances aux demandeurs d’emplois de la Région bruxelloise en organisant des campagnes d’information, des formations répondant aux besoins spécifiques de la SNCB, … et en anticipant les différentes phases de recrutement. C’est l’objet de la présente question orale.

Je retire trois premières conclusions non rassurantes à partir des réponses du Ministre :

1) La situation n’évolue pas vraiment, alors qu’on vient déjà de très loin ; la SNCB ne démontre pas encore qu’elle veut inverser la tendance.

2) ACTIRIS a mis vraiment beaucoup de temps à se mettre en ordre de marche et je trouve le dispositif mis en place pas encore vraiment à la hauteur. Le Ministre semble par contre partager ma proposition de conventions avec la SNCB afin d’offrir des stages pour les étudiants de nos écoles techniques et professionnelles.

3) Je suis terriblement étonné et choqué d’apprendre que la SNCB refuse encore aujourd’hui d’engager des travailleurs issus d’un pays hors CE. Je ferai tout pour modifier cette situation d’un autre temps.

Ma question au Ministre

Monsieur le Ministre,

L’an dernier, je vous avais posé une question orale relative à la campagne de recrutement du groupe SNCB prévoyant l’engagement de 15.000 personnes dans les dix prochaines années. Ces engagements s’inscrivent dans la politique de recrutement et de rajeunissement du personnel lancée par la SNCB. En effet, d’ici 2012, environ 40% des 38.000 cheminots actuellement employés atteindront l’âge de la retraite. La majorité d’entre eux devraient être remplacés au vu du nombre croissant de personnes qui prennent le train quotidiennement, ce nombre connaissant une évolution de 5% par an.

En 2007, 1500 personnes ont ainsi pu trouver un emploi au sein du groupe en tant qu’accompagnateur de train, conducteur de manœuvre, conseiller en informatique, technicien électromécanicien, ingénieur civil, etc.

En 2008, la SNCB vient d’annoncer qu’elle recrutera 1000 personnes supplémentaires. Je me permets donc de vous interpeller à nouveau sur cette question. Car malgré une campagne de recrutement intensive, le groupe SNCB dit éprouver de nombreuses difficultés à trouver du personnel qualifié.

Au vu du taux de chômage affiché par notre Région et de la faible représentation des Bruxellois au sein des entreprises publiques autonomes, la Région bruxelloise se doit de mettre tout en œuvre pour permettre aux Bruxellois de pourvoir à ces emplois.

En effet, dans une étude que j’avais réalisée en décembre 2006, je pointais la sous-représentation des Bruxellois au sein des administrations et des entreprises publiques. De manière générale, je constatais que les proportions de Bruxellois, de Wallons et de Flamands avaient très peu évolué entre 2003 et 2005. Les situations les plus préoccupantes restent à la SNCB (2,10%), à l’Armée (3,69%), à La Poste (4,42%) et aux Finances (4,87%) qui sont de très grosses administrations ou entreprises publiques en terme de volume d’emploi.

En octobre 2006, vous évoquiez la mise en place rapide de différentes mesures. Parmi celles-ci :

1.l’organisation de formations pour remettre à niveau les candidats bruxellois aux emplois qui vont s’ouvrir au sein de la SNCB. Cette formation devait être organisée en collaboration avec Iris Tech, Actiris, Bruxelles-Formation et le VDAB sous forme de modules.

2. la création d’une action de promotion visant à attirer la population bruxelloise issue de l’immigration vers les emplois proposés à la SNCB, cette dernière ayant élaboré un projet-pilote dans ce domaine-là à Anvers.

Je vous pose donc les questions suivantes :

- Combien de Bruxellois ont-ils été engagés au sein de la SNCB à l’occasion de la première campagne de recrutement ? Quelles sont les mesures qui furent prises à l’époque par Actiris pour préparer et soutenir l’engagement de Bruxellois ?

- Les freins à l’engagement de Bruxellois ont-ils été identifiés, et si oui, quels sont-ils et des solutions ont-elles été envisagées ?

- Quelles sont les mesures spécifiques mises en place par Actiris en vue de la campagne de recrutement de 2008 ? Des formations qualifiantes, répondant aux besoins spécifiques de la SNCB, sont-elles prévues ?

- Serait-il possible de conclure une convention avec la SNCB afin d’offrir des stages dans les écoles techniques et professionnelles ? Ces stages professionnalisants permettraient à de nombreux jeunes de se familiariser avec l’environnement de la SNCB et permettraient de rencontrer les besoins de qualification de la société.

D’avance, je vous remercie des réponses que vous fournirez à ces questions.

La réponse du Ministre CEREXHE

La première campagne de recrutement a eu lieu entre octobre et décembre 2006. La SNCB ne dispose pas de chiffres sur le nombre de Bruxellois qui ont été engagés lors de cette campagne. Cependant, avant que la campagne ne débute, soit au 1 octobre 2006, la SNCB recensait 789 Bruxellois (2,15% du total des effectifs en Belgique) et 8.823 postes en Région de Bruxelles-capitale [NDLR pas spécialement des Bruxellois]. Un an plus tard, soit au 1/10/2007, la SNCB recense 864 bruxellois et 9.394 postes à Bruxelles [NDLR pas spécialement des Bruxellois]. On peut donc en déduire que la campagne de recrutement a dû avoir un effet, certes limité, mais bien réel puisqu’on observe une croissance de 9,5% de Bruxellois à la SNCB.

Les mesures prises par ACTIRIS lors de cette première campagne sont les suivantes :

- diffusion très large des offres d’emploi concernés + hyperlien vers la page du site SNCB où le candidat peut s’inscrire.

- affichage de posters ayant comme but de stimuler les chercheurs d’emploi de visiter un nouveau site web SNCB destiné uniquement aux offres d’emploi.

- mise à disposition de folders dans les différents endroits publics où les chercheurs d’emploi se présentent (siège ACTIRIS, Antennes ACTIRIS, partenaires du réseau ACTIRIS).

- hyperlien « SNCB » sur la page d’accueil ACTIRIS qui mène vers le site « htpp ://jobs.b-rail.be« .

Le freins à l’engagement des Bruxellois identifiés par ACTIRIS sont principalement :

- la pénurie sur le marché de travail de candidats qui disposent d’une qualification et/ou l’expérience approfondie dans le domaine (électro)mécanique

- des exigences très strictes par rapport au diplôme (conformément aux statuts de la SNCB)

- le manque de compétences auprès des chercheurs d’emploi bruxellois surtout dans le domaine de l’(électro)mécanique

- le manque de connaissance par rapport à la deuxième langue nationale pour les fonctions où un contact avec le public est requis

- les statuts de la SNCB ne permettent pas d’engager des personnes non resortissantes de l’Union européenne

- les procédures de sélection longues qui présentent différentes étapes : épreuves de sélection (questionnaire à choix multiple), visite médicale, tests d’aptitude professionnelle…

- enfin, la SNCB ne peut pas toujours garantir l’endroit exact où l’employé devra exécuter sa tâche.

Les éventuelles pistes de solutions réalistes et réalisables à brèves échéances pour pallier à ces difficultés consistent principalement en l’organisation de formations linguistiques. A plus longue échéance se pose la question de la qualification et de la mise à jour de compétences que peuvent faire valoir les Bruxellois pour l’exercice des professions techniques. Il est par ailleurs évident que l’organisation de stages au bénéfice d’élèves des écoles technique et professionnelles serait, comme vous l’évoquez, une bonne occasion pour familiariser les jeunes Bruxellois avec l’environnement de la SNCB. Le plan jeune, actuellement en négociation au sein du CBCES, prévoit notamment la mise sur pied d’une base de données d’offres de stage. ACTIRIS, et plus particulièrement le Service Bruxellois aux Entreprises jouera un rôle prépondérant dans l’alimentation de cette base de données.

En vue de la campagne 2008, ACTIRIS affichera l’hyperlien « htpp ://jobs.b-rail.be » sur sa page d’accueil de son site internet. ACTIRIS diffuse par ailleurs les offres SNCB de la façon la plus ouverte possible, et ceci pour toutes les fonctions concernées afin d’obtenir le plus grand influx de candidatures, qui sont traitées par la SNCB même. ACTIRIS propose systématiquement des chèques langues, chèque formations et chèques TIC et entretient des contacts intensifs hebdomadaires avec la SNCB par rapport à l’encodage de nouvelles offres d’emploi. Enfin, des réunions de suivi au sein de la SNCB concernant le bon déroulement de la coopération et l’évaluation des actions prises sont organisées régulièrement.

Lors d’une réunion ce 22 novembre 2006 en mon cabinet en présence de représentants de la SNCB, d’ACTIRIS, Ric Foyer et Iris Tech+, la volonté de collaborer en matière d’engagements à la SNCB a clairement été analysée.

Ainsi, trois pistes sont prioritairement à mettre sur pied :

- informer les Bruxellois aux offres et aux possibilités à la SNCB. Cette information pourrait se faire par le biais de sessions d’information avec un ancrage local tout en y associant des associations de terrain ;

- préparer et former les demandeurs d’emploi aux fonctions à pourvoir à la SNCB ; IRIS Tech+ pourrait y jouer un rôle ;

- présenter et coacher les demandeurs formés vers ces fonctions ;

il s’agit donc de développer un parcours global envers les offres de la SNCB.