Bien qu’elle soit le premier bassin d’emploi du pays (680.776 emplois fin 2008), Bruxelles est néanmoins confrontée à un taux de chômage très élevé (19,9% fin janvier). Il semble en outre que les emplois présents à Bruxelles et ceux créés quotidiennement ne profitent pas assez aux Bruxellois. Un constat également valable au sein de la fonction publique. D’ailleurs, la sous-représentation des Bruxellois dans ce domaine avait été constatée et révélée en primeur grâce à une étude sur l’emploi public que j’ai menée en 2003.

REACTUALISATION DE MON ETUDE

Six ans plus tard, où en sommes-nous ? A cet égard, j’ai réalisé pour la troisième fois (après 2003 et 2005) mon étude concernant la répartition des emplois publics occupés par les Bruxellois dans les administrations et organismes publics – fédéraux et régionaux – situés à Bruxelles.

D’emblée, pour pallier, en partie, cette situation et y remédier, il est nécessaire de disposer de statistiques fiables et actualisées. D’autant plus que la crise économique actuelle, qui se voit assortie d’une série de restructurations, risque de renforcer la problématique de l’emploi de notre région.

Mener cette étude n’a pas été une sinécure. J’ai dû en effet obtenir les réponses une à une auprès des différentes administrations et autres organismes publics qui n’étaient pas toujours disposés à livrer ces données pourtant indispensables à mon étude. Un véritable périple. la situation devrait cependant évoluer dans le courant des prochaines années, suite à l’adoption par le Parlement bruxellois en mars 2008 de ma résolution demandant au Gouvernement le dépôt d’un tel rapport annuel.

BILAN MITIGE …

Globalement, la situation dans les communes est relativement correcte alors que celle dans les administrations régionales est déplorable. On retrouve à peine 50% de Bruxellois dans des fonctions publiques régionales pour des politiques qui concernent directement des Bruxellois. Mais, la situation semble davantage catastrophique au niveau fédéral. Par exemple, la justice compte seulement 4,77% de Bruxellois sur 11.000 employés ; aux finances, 4.85% de Bruxellois sur 31.000 emplois ; à la Défense, 3.51% de Bruxellois sur 40.000 emplois !

Si on avait proportionnellement autant de Bruxellois qui occupent des postes au niveau fédéral, on n’aurait pas un pourcentage de chômeurs aussi important.

Le problème n’est pas aussi simpliste qu’il y paraît. D’une part, principalement en raison du coût de la vie, on remarque qu’un certain nombre de personnes habitant la capitale et disposant d’un emploi – à un moment donné – dans la fonction publique ou privée, décident de quitter la Région bruxelloise pour aller vivre en Région wallonne ou en Région flamande. D’autre part, certains Bruxellois n’ont pas suffisamment de formations nécessaires pour prétendre aux offres relatives au marché de l’emploi actuel.

Dans la foulée, il convient, me semble-t-il, de pointer également un autre phénomène : la discrimination à l’embauche. En raison de leurs origines, leurs nationalités et autres, beaucoup de Bruxellois font l’objet d’une réelle ségrégation. L’égalité de traitement dans le secteur public est souvent arbitraire. De même, l’engagement des individus les plus fragilisés d’un point de vue socio-économique n’est pas non plus très encourageant. Cette anomalie touche en particulier les demandeurs d’emploi qui vivent dans les quartiers dont le taux de chômage est égal ou supérieur à la moyenne au sein des communes.

Loin de moi l’idée de favoriser à outrance les Bruxellois. J’estime simplement que l’on doit mieux les préparer à accéder à des emplois même s’il semble logique qu’on ne puisse pas trouver tous les profils des postes à pourvoir parmi les habitants. Entre notre situation actuelle et l’idéal, il existe cependant une marge de progression très importante.
Malgré que les résultats de cette troisième étude ne soient guère très prometteurs, l’essentiel, à l’heure actuelle, est l’emploi des Bruxellois. De tous les Bruxellois.

C’est pourquoi, par souci de cohérence, je considère qu’il est important de donner continuellement l’exemple dans le domaine public avant de faire la leçon au privé et ainsi de mener à bien des politiques constructives en faveur de l’emploi.

MES PROPOSITIONS

Au vu des résultats de la réactualisation de mon étude, il me semble utile de formuler quelques propositions afin de résorber positivement la situation de l’emploi public à Bruxelles :

- Proposition de résolution adoptée en mars 2008 par le Parlement bruxellois → permettre à la Région de mener à bien des politiques constructives en faveur de l’emploi sur base d’un diagnostic le plus précis possible.

- Revaloriser les écoles professionnelles et techniques et renforcement du lien entre entreprises privées/publiques et écoles.

- Multiplier les formations et les protocoles d’accord pour mieux préparer les Bruxellois :
> à accéder au marché de l’emploi et ses réalités ;
> à réussir les examens d’entrée des administrations et structures publiques situées à Bruxelles.

- Pour éviter l’exode urbain de fonctionnaires et d’employés du service public, il convient d’établir et d’étudier la création d’un dispositif d’urbanisation de la fiscalité en aménageant les mesures qui désavantagent actuellement les habitants des villes sur le plan fiscal et en prenant des mesures permettant de réduire les frais supplémentaires liés à la vie citadine.