Le Parlement francophone bruxellois réuni ce vendredi en séance plénière a rejeté une demande d’examen en urgence d’une proposition de motion en conflit d’intérêt déposée par les FDF pour bloquer une proposition de décret du parlement flamand visant à accorder la priorité pour 55% des places dans les crèches bruxelloises de Kind en Gezin, à des enfants dont au moins un des parents a une connaissance « suffisante » du néerlandais. Ce texte a été voté en commission de l’aide sociale du parlement flamand le 28 février et doit encore être adopté en séance plénière. C’est précisément parce que le texte n’a pas encore été voté que, en tant que Ministre-Président du Gouvernement francophone bruxellois (Cocof), j’ai jugé que cette initiative était prématurée car sur le fond, les députés francophones bruxellois réunis semblent tous sur la même longueur d’onde. Selon moi, le décalage entre la majorité et les FDF porte simplement sur les étapes de la réaction. Je soutiens avant tout le processus de concertation avant le vote en séance plénière du parlement flamand, mais je n’exclus a priori aucune autre action en cas d’échec.

Pour Groen! et Ecolo, les débats au sujet du nouveau décret flamand portant sur l’accueil des enfants ne touchent pas le cœur du sujet : « il est cynique de continuer à débattre sur les priorités, au lieu de s’assurer d’abord qu’il y ait suffisamment de places pour tout le monde !», disent les députés bruxellois Elke Van den Brandt (Groen!) et Alain Maron (Ecolo). Selon les deux partis, les Communautés doivent s’engager à créer plus de places, à favoriser l’accès pour tous et à améliorer la qualité de l’accueil.

Bruxelles connaît actuellement un boom démographique, ce qui augmente également la pression sur les dispositifs d’accueil des enfants. Les parents, quelle que soit leur langue, éprouvent de plus en plus de difficultés à trouver une place en crèche pour leurs enfants.

Avec le nouveau projet de décret sur l’accueil d’enfants, le gouvernement flamand a décidé de donner la priorité aux parents néerlandophones. Pour Elke Van den Brandt, « les règles de priorité ne constituent pas un problème en soi, mais bien le fait qu’elles soient introduites de façon unilatérale dans un contexte de pénurie. Supposons que la Communauté française adopte la même mesure pour les enfants francophones. Alors, tous les autres enfants se trouveraient sur la touche à Bruxelles. Faut-il en effet rappeler que la population bruxelloise est riche d’une multitude d’origines et de langues ? Alain Maron ajoute : « Ce sont les deux Communautés qui sont compétentes pour l’accueil des enfants à Bruxelles, et ce pour tous les enfants bruxellois. Les deux Communautés doivent dès lors s’engager ensemble en faveur de plus de places d’accueil. Le débat ne peut être réduit à la question des priorités. »

Outre les dispositions relatives aux priorités, le décret flamand prévoit la mise en place de guichets centralisés par zone, pour les inscriptions dans les milieux d’accueil néerlandophones. Pour Elke Van den Brandt, ceci est, en soi, très positif : « La recherche d’un accueil approprié pour l’enfant est souvent une tâche très lourde pour les futurs parents. En moyenne, les parents trouvent une place seulement après des demandes dans 10 crèches différentes ! ». Le système actuel, non centralisé, est en effet défavorable pour les ménages les plus fragilisés, qui maîtrisent souvent moins bien les procédures et appréhendent souvent moins la nécessité de s’y prendre longtemps à l’avance.

Un autre sujet délicat dans le décret flamand concerne les initiatives d’accueil qui sont, de fait, francophones, mais actuellement agréées par Kind en Gezin. Elles avaient opté pour cet agrément parce que les critères de reconnaissance étaient différents, plus stricts, chez l’homologue francophone : l’ONE. Les modifications dans le décret flamand, avec des exigences linguistiques supérieures, risquent de mettre ces agréments en péril et de menacer 3500 places d’accueil. Pour Alain Maron, « ceci est vraiment absurde. Un enfant francophone n’a pas besoin d’autres normes de sécurité par rapport à un enfant néerlandophone. Reprécisons les critères de reconnaissance de l’accueil dans le cadre d’une coordination spécifique pour Bruxelles, afin d’éviter de telles situations ; dans l’idéal, les normes devraient être les mêmes pour toutes les crèches ! »

Pour Groen et Ecolo, il est indispensable que le débat sur l’accueil des enfants se concentre surtout sur la qualité. Avec son décret, la Flandre rate l’occasion, selon les parlementaires verts, de donner forme à une véritable vision et un avenir pour l’accueil des enfants à Bruxelles. L’accueil des enfants, c’est plus qu’une simple « prise en charge ». Pour Elke Van den Brandt, « l’accueil des enfants permet certes de libérer du temps pour les parents, mais il s’agit surtout, pour les enfants, le début d’un trajet pédagogique, qui offre une plus-value pour l’enfant et sa famille. Il s’agit de l’outil idéal pour assurer à chaque enfant le droit à l’éducation. »