La presse se faisait ce matin l’écho d’une baisse des loyers du marché privé à Bruxelles en 2012. Cette information mérite d’être précisée et nuancée. La dernière livraison de l’Observatoire des loyers, portant sur l’année 2012, nous apprend notamment que le loyer moyen en Région de Bruxelles-Capitale a connu une légère diminution de l’ordre de 0,92 %. Il faut cependant préciser ici qu’il s’agit de l’évolution des loyers en euros constants, c’est-à-dire corrigés des effets de l’inflation. Cela a pour conséquence que le poids relatif du loyer dans le revenu des ménages bruxellois a connu en 2012 un très léger tassement, ce dont on peut se réjouir. Les loyers réels payés par les Bruxellois, à prix courants, ont cependant connu en moyenne une légère croissance (1,5%), inférieure à celle de l’indice santé, qui est déterminante pour les salaires et allocations sociales (2,4%). L’année 2012 aura donc été une année de répit dans l’évolution des loyers et c’est une bonne nouvelle, mais il est malheureusement un peu optimiste d’évoquer une réelle baisse des loyers. Nous devons plutôt parler d’une stagnation.
Certains enseignements plus nuancés de l’étude restent aussi préoccupants. L’Observatoire des loyers constate, notamment, que pour les locataires qui ont emménagé dans un nouveau logement durant l’année 2012, la hausse du loyer réel est plus importante que celle de l’indice santé (4%). Or, la majorité – 56 % – de ces « nouveaux emménagés » de 2012 sont des jeunes ménages de moins de 34 ans. Pour ces ménages, la part du revenu consacrée au loyer a augmenté. Cela confirme une nouvelle fois que le changement de bail est un moment charnière en matière d’augmentation des loyers, mais aussi la difficulté plus spécifique d’accès au logement dont sont victimes certaines catégories de population à Bruxelles, notamment les jeunes ménages.
Je profite de la publication de ces chiffres pour insister sur la nécessité de poursuivre le travail entamé depuis le début de la législature afin d’aider les Bruxellois à concrétiser leur droit au logement, avec notamment un accent particulier sur les jeunes ménages. Sur une période plus longue, les loyers continuent à augmenter alors que la population bruxelloise tend à s’appauvrir. Il est donc important que la Région de Bruxelles-Capitale poursuive la politique volontariste menée ces dernières années en termes de production de logements sociaux et moyens, d’aides à l’acquisition (Fonds du logement, Prêt Booster pour les moins de 35 ans, CLT, …) et d’aides à la location (allocation de relogement et allocation loyer). Cette étude nous incite également à initier des actions complémentaires sur le marché locatif privé et à saisir l’opportunité qu’offre le transfert prochain de la compétence des baux à loyer pour agir en ce sens.