RTEmagicC_2015-02-logo-genocide-armenien.jpgVoici le contenu de l’échange que j’ai eu ce jeudi 10 décembre avec la Ministre de l’Enseignement, Joëlle Milquet. 

M. Christos Doulkeridis (Ecolo). – À l’occasion de la commémoration du centenaire du génocide arménien, le 24 avril dernier, nous avons pu aborder, au sein de cette commission, l’importance de cet événement et la nécessité de marquer le coup. Cela était d’autant plus important que cette année est aussi celle d’Europalia Turquie, qui a lieu en ce moment même au BOZAR.

Madame la Ministre, nous avons, tout comme vous, été avertis du fait que les dossiers pédagogiques qui ont été proposés par Europalia Turquie, à destination des enseignants du secondaire, font l’impasse sur les minorités ethniques et culturelles et sur l’histoire de ce pays, en particulier du génocide arménien.

Avez-vous pris connaissance de ces dossiers pédagogiques? Quelle est votre position à ce sujet? Lorsque je vous ai interpellée à ce sujet, voici quelques mois, vous m’aviez fait part de votre intention de veiller à ce que, dans la programmation et les outils pédagogiques en lien avec Europalia, la question du génocide arménien puisse être traitée correctement, en particulier à l’occasion de la commémoration de ce centenaire.

Mme Joëlle Milquet, vice-présidente et ministre de l’Éducation, de la Culture et de l’Enfance. – Je partage votre point de vue. L’histoire doit être l’histoire et il ne saurait être question d’ignorer les événements vécus par des minorités ethniques ou religieuses. Peu de temps après être devenue sénatrice, j’ai déposé un texte demandant la reconnaissance du génocide arménien. Il me semble donc que je ne suis pas très suspecte sur ce point.

J’ai interrogé la directrice d’Europalia, Mme Kristine De Mulder, à propos de la présence équilibrée des différentes communautés turques dans le festival. Elle m’a répondu que le festival n’avait jamais focalisé son programme sur une ou plusieurs minorités, que ce soit pour la Chine, la Russie ou l’Inde. L’organisation considère les personnes appartenant à des minorités comme des citoyens à part entière. J’ai trouvé cette réponse magnifique. Il faut vraiment être très diplomate pour formuler ce genre de réponse.

Comme vous le savez, nous ne gérons pas Europalia. Nous apportons une contribution de 25 000 euros dans un budget total de 1,3 million. Nous n’avons en rien participé à la confection des dossiers pédagogiques.

Leur élaboration a été réalisée sous la seule responsabilité des organisateurs d’Europalia et du commissaire de l’exposition.

Ces dossiers ne font pas du tout partie du programme officiel destiné aux élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Lors de la préparation de ces dossiers, Europalia a pris contact avec différentes universités et écoles supérieures en leur demandant de réaliser un dossier pour un projet précis s’adressant aux différents niveaux d’enseignement.

Ce projet portait sur la préparation des élèves et des professeurs à la visite de l’exposition Anatolia au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, dont le thème principal était les rituels. Europalia a mis en contact l’ensemble des interve-nants avec les curateurs de l’exposition en leur donnant toutes les informations nécessaires sur les objets exposés et la possibilité de poser toute question à ce sujet. Leur travail s’est donc focalisé sur le contenu de l’exposition, de sorte que les absents ont, de facto, été ignorés.

M. Christos Doulkeridis (Ecolo). – J’entends bien que vous n’êtes pas intervenue dans la programmation d’Europalia et que vos budgets n’ont pas servi à l’élaboration du dossier pédagogique. Je reviendrai donc avec une question sur les initiatives prises en qualité de ministre de l’enseignement, de l’éducation pour le secondaire ou le fondamental, et les initiatives qui auraient été prises pour parler du centenaire du génocide arménien dans les programmes scolaires.