Durant une soirée, les associations de la Cocof vont être mises à l’honneur.

Selon Doulkeridis, le “vivre ensemble” est l’un des grands défis de Bruxelles.

Entretien avec Raphael Meulders paru dans La Libre (6 décembre 2010)

Ce mardi 7 décembre aura lieu la deuxième édition de la nuit des associations aux Halles de Schaerbeek. Cette soirée vise à mettre en valeur les différentes ASBL soutenues par la Cocof, la commission communautaire francophone. L’occasion de faire le point sur la situation actuelle et le futur de l’institution bruxelloise avec son ministre-Président, Christos Doulkeridis (Ecolo).

Quel est l’objectif de la nuit des associations ?

Placer les projecteurs sur toutes les associations que nous subsidions (1 037 au total, NdlR) et qui travaillent dans des secteurs aussi variés que la cohésion sociale, l’alphabétisation ou encore l’aide aux personnes handicapées. Ce sont des métiers du cœur, souvent réalisés dans des conditions difficiles, avec des salaires peu mirobolants. Les associations travaillent dans l’ombre, mais elles ont évité le pire, notamment au niveau de la misère sociale.

De quoi donner aussi davantage de visibilité aux politiques de la Cocof ?

Oui, on parle souvent de manière grossière de la Cocof. Est-ce dû à son nom ou à la complexité de l’organisation politique à Bruxelles ? Mais la Cocof, c’est avant tout 7000 personnes qui œuvrent à l’amélioration de la qualité de vie de tous les Bruxellois. Car il est important de le rappeler : les politiques de la Cocof ne visent pas que les francophones de Bruxelles, quand on fait de la politique culturelle on ne se préoccupe pas de savoir si le public sera francophone, anglophone ou néerlandophone, par exemple

Cette année, le thème mis en avant est celui du “Vivre ensemble”, pourquoi ?

Bruxelles est une ville très cosmopolite. Plus d’une personne sur deux qui naît dans la capitale est d’origine étrangère. Moi je ne considère pas du tout que c’est facile de vivre avec des différences, il y a des dangers. Il ne faut pas idéaliser et avoir un discours à l’eau de rose. Il y a parfois des confrontations de valeurs, des confrontations d’histoire. Cela ne se fait pas tout seul. Le multiculturalisme, lui, est facile, chacun vit dans son coin, avec ses valeurs, ses coutumes, dans l’indifférence des autres. Mais l’interculturalisme, celui qu’on veut prôner, c’est un vrai travail qui n’est pas gagné du tout. Nos associations qui travaillent sur le terrain font déjà un boulot énorme dans ce domaine. Nous avons voulu mettre cinq projets à l’honneur, qui recevront chacun la somme de 20000 euros. 77 associations avaient répondu à cet appel à projet.

Ce “vivre ensemble” est, selon vous, l’un des grands défis de l’avenir de Bruxelles ?

Oui, car à Bruxelles, nous sommes de moins en moins nombreux à partager un passé commun. Par contre, ce qui nous unit, c’est un destin commun, celui de réussir cette ville ensemble et de pouvoir vivre ensemble. Le respect de l’autre est très important dans ce contexte et il doit venir de tout le monde. Le racisme par exemple – et c’est un Belge d’origine étrangère qui vous le dit – est un phénomène qui vient aussi des allochtone. Il faut combattre ce sentiment de repli. C’est essentiel pour le futur.

Financièrement, la Cocof connaît des difficultés…

Nous avons dû reporter certains investissements et trouver plus de moyens. Auprès de la Communauté française et de la Région. Mais c’est intenable. On doit obtenir un refinancement car Bruxelles ne doit plus être en position de quémandeur avec qui que ce soit. On en a marre d’aller demander chaque année de manière humiliante de l’argent pour des politiques auxquelles les Bruxellois ont droit.

D’aucuns évoquent la suppression de la Cocof lors de la prochaine réforme de l’Etat.

L’institution compte peu, ce sont les politiques menées qui comptent. Moi, je n’ai pas de tabou : tout ce qui peut être rationalisé, doit l’être. J’ai demandé que les compétences du tourisme, de la formation professionnelle, des infrastructures sportives ou une partie de la politique des personnes handicapées aillent à la Région. Mais je constate que quand on met ces sujets sur la table, ce sont les mêmes (les partis flamands) qui se moquent de la complexité institutionnelle de Bruxelles, qui refusent qu’on bouge les choses. Ce qui doit nous focaliser, ce sont ces politiques indispensables pour les citoyens bruxellois. C’est pour cela qu’il faut se battre et certainement pas pour sauver une institution.