La gratuité de certains musées de la capitale le premier dimanche du mois a fait l’objet d’une question lors de la dernière séance du Parlement francophone bruxellois. Derrière cette thématique se cache en réalité un thème beaucoup plus large qui est celui de l’accès aux musées et à la culture pour tous. Faut-il généraliser cette pratique? En tant que Ministre du tourisme, je pense qu’il s’agit avant tout d’une question de politique culturelle avant d’être une question de politique touristique. Personnellement, je tiens à insister sur le fait que souvent ce n’est pas le coût de la culture qui pose problème, mais bien celui du « goût de la culture ».

Voici cependant ma réflexion en la matière:

En effet, sur les 94 musées que compte Bruxelles, 28 sont actuellement toujours gratuits (cette information est reprise sur le plan des musées et sur le site portail du Conseil Bruxellois des Musées). Les musées qui sont gratuits un dimanche par mois sont tenus de l’être par la Communauté française. Les autres musées prennent part à cette gratuité pour autant que le manque à gagner qui en résulte soit compensé par les pouvoirs de tutelle.

En juin 2008, une table ronde des musées bruxellois s’est réunie afin de débattre de l’accessibilité des musées aux familles et enfants et de la politique des prix. Au final, la question de la gratuité n’a pas fait l’unanimité des participants preuve que ce débat mérite encore discussion.
Cependant, à cette occasion, une série de réflexions furent formulées par les représentants des musées et je souhaite les partager avec vous :
L’attractivité d’un musée ne repose pas que sur le prix. Il y a également d’autres facteurs qui jouent un rôle déterminant : les collections, l’image, l’accessibilité, la communication…
La gratuité en soi n’est pas suffisante. Il est essentiel qu’elle soit soutenue par une campagne de communication intensive qui rend la mesure connue de tous et toutes.
La gratuité ne garanti donc pas une augmentation de la fréquentation. Ce genre de mesure demande toujours des efforts marketing supplémentaires.
L’objectif derrière la gratuité (à savoir augmenter l’inclusion sociale) n’est pas souvent atteint. Mieux cibler les efforts vers ces publics particuliers demande des moyens financiers importants.
En conclusion, on peut donc retenir que si l’objectif est de faciliter l’accès aux musées aux publics qui ne s’y rendent jamais, la gratuité seule ne suffit pas. Les études le prouve, la gratuité ne renforce que les personnes qui visitent déjà les musées.

D’un point de vue touristique, la gratuité des musées n’est pas en concurrence avec la Brussels Card car cette carte s’adresse avant tout aux touristes et non à un public local. Rappelons que la Brussels Card offre différentes facilités à son utilisateur : entrée dans les musées + transport + réductions dans certaines boutiques + toutes les infos reprises dans un guide pratique. La Brussels Card a pour but de faciliter aux touristes l’accès aux musées (cette carte ne s’adresse donc pas à un public fragilisé) et ainsi contribue au rayonnement de Bruxelles.

Le Conseil Bruxellois des Musées et la plupart des musées sont d’accord pour dire que la gratuité seule, n’apporte pas grand chose sur le long terme. Il faudrait lier cette gratuité à des actions (pédagogiques, par exemple) qui ciblent des groupes d’usagers bien précis.

Pour cette raison, d’autres initiatives ont vu le jour. La Museum Night Fever que la Cocof soutient chaque année, répond ainsi à une demande des musées, mais aussi des publics : il s’agit de toucher des personnes qui à l’ordinaire ne visitent pas les musées. Il en va de même pour les Nocturnes des musées que nous soutenons également : les prix pratiqués sont démocratiques et certains musées donnent même l’accès gratuitement. A côté de ces avantages, les musées offrent des visites guidées, des workshops, des animations ou le public est (s’il le veut) pris en charge.