Ce soir, le Gouvernement francophone bruxellois et le Parlement francophone bruxellois ont fêté anticipativement la Communauté française. Voici le discours que j’ai prononcé à cette occasion.

« L’heure est grave !

J’ai en effet reçu ces derniers jours des informations selon lesquelles Bruxelles serait envahie par des Superhéros. Ils sont parmi nous ! Aimant la discrétion, on en dénombrerait plus de 100.000 sur le territoire de la Région bruxelloise. Regardez-bien autour de vous : ils sont partout.

Il y a Sonia, fonctionnaire, qui habite Jette. Gérald, lui, est un anonyme au physique passe-partout. Il est architecte. Certains soirs venus, ils enfilent leur costume de Superhéros. Selon mes sources, ils sont d’ailleurs en ce moment-même en mission.

Sonia est actuellement derrière le comptoir de la buvette du club de foot de son fils, Anthony. C’est elle qui assure le service et qui organise les repas spaghettis qui permettent au club d’emmener ses jeunes lors des déplacements. Gérald revient d’une formation en éco-construction, qu’il donne à des demandeurs d’emploi qui découvrent les nouvelles techniques en matière d’isolation des bâtiments.

Sonia, Gérald, Amandine, Fouad, Christophe, Mounia, Laure, Sylvain …. Vous ne les connaissez peut-être pas personnellement mais je suis presque sûr que vous avez eu un jour ou l’autre, affaire à ces Superhéros du quotidien.

Pas besoin de super pouvoirs, de lasers et de rapides bolides pour être au service des Bruxellois francophones. Ils sont volontaires et donnent de leur temps dans des matières aussi diverses que la formation professionnelle, l’enseignement, l’action sociale en faveur des personnes handicapées, le sport, la culture, la jeunesse, l’aide aux personnes âgées ou aux sans-abris. Toutes ces matières ô combien humaines qui sont gérées par la Cocof depuis plus de 20 ans.

Sans ces 100.000 Superhéros, ces volontaires et bénévoles, les associations francophones bruxelloises ne pourraient pas répondre avec autant d’efficacité à la demande de la population bruxelloise. Le volontariat est chaque jour porteur de cohésion, de convivialité et de lien social.

A l’heure où l’on évoque tant « un certain individualisme », qui deviendrait la norme, Sonia, Gérald et les autres donnent de leur temps sans rien demander en échange. Belle leçon dans un monde dont on estime souvent qu’il a besoin de redécouvrir le sens des mots engagement et solidarité !

L’altruisme n’est malheureusement pas une valeur boursière ; ça n’intéresse pas traders et autres spéculateurs. Ceux-là sont prisonniers de la croissance, de la compétitivité, des moindres soubresauts des marchés boursiers. Avec les agences de notation comme épées de Damoclès. « Fitch » et « Moody’s » en Régisseurs du Monde !

Si les valeurs portées par la Cocof étaient évaluées par ces agences, c’est sûr, nous mériterions un triple A.

C’est d’autant plus important à rappeler alors que les places boursières sont en bernes et que nous connaissons, en Belgique, ce « momentum » politique pour le moins compliqué où on entend bien trop souvent des termes guerriers : victoire-défaite-ultimatum-crise….

C’est un moment qui est aussi marqué, pour la classe politique que nous représentons, par la nécessité de faire preuve de courage et de responsabilité. Si j’osais cette transition, je dirais que, là aussi, il nous faut aujourd’hui des Superhéros. Pour dépasser les clivages communautaires et idéologiques, et poser les pas nécessaires à un accord historique.

Depuis des années, et encore aujourd’hui, nous défendons pour Bruxelles et notre institution un statut et un financement décent. Nous nous battons afin que l’espace francophone bruxellois, notamment, puisse disposer des leviers suffisants pour mener à bien ses nombreuses et importantes politiques.

Derrière ces « budgets », ces transferts, cette tuyauterie institutionnelle, nous nous battons aussi pour Sonia, Gérald et les autres. Nous nous battons pour les travailleurs de nos secteurs et – plus encore – pour les services qu’ils rendent aux Bruxellois.

D’importantes avancées vers une amélioration du fonctionnement de l’espace francophone ont été obtenues au cours de cette législature. Des synergies existent entre les gouvernements des différentes entités. Elles apportent efficacité et résultats concrets :
– Lancement de l’Alliance Emploi-Environnement
– Accord de coopération entre Actiris et Bruxelles-Formation
– Création de places dans les établissements scolaires bruxellois
– Revalorisation du statut des travailleurs du non-marchand.

Dans cette logique, l’accord que nous avons engrangé cette semaine, entre Bruxellois, est également un signe fort, positif et essentiel. Il ne s’agit pas d’un énième marchandage institutionnel, illisibles pour le citoyen. Il s’agit d’un accord qui va dans le sens d’un meilleur fonctionnement et d’une bonne gouvernance, très concret pour les Bruxelloises et les Bruxellois.

Cet accord intra-bruxellois pourrait devenir l’une des pierres angulaires d’un accord institutionnel global.

Nous attendons, avec assurance et conviction, les réformes qui s’annoncent, la nouvelle répartition des compétences qu’elles induiront et les moyens dont nous disposerons pour déployer plus efficacement l’action de nos institutions.

Il nous faudra de l’énergie et de la vision, pour accueillir les nouvelles compétences et affecter au mieux les nouveaux moyens. Il nous faudra de l’énergie et de la vision pour construire, dans la nouvelle Belgique, de nouvelles solidarités, avec l’ensemble des entités fédérées et chacune des communautés, en portant nos regards sur le long terme à 5, 10 ou 20 ans. Il nous faudra de l’énergie et de la vision pour affronter aussi les zones de turbulence que traverserons sans doute, face aux changements qui s’annoncent. Il sera de notre responsabilité politique de tenir le cap, mais aussi d’expliquer, de rassurer, de tracer des perspectives, face aux inquiétudes légitimes que le changement génère.

Nous sommes prêts !

Je voudrais en revenir à nos Superhéros, ces citoyens engagés au quotidien que Julie de Groote et moi-même souhaitions mettre à l’honneur ce soir, à l’occasion de l’« Année européenne du Volontariat ». Je voudrais vous confier une mission : dénoncez ces superhéros trop discrets, valorisez ces personnes. L’éducateur de rue de votre quartier, l’animatrice qui vient tenir compagnie aux seniors de la maison de repos d’à côté, l’entraîneur de foot ou de natation…

Je vous invite à les sortir de l’ombre et à les mettre à l’honneur, en utilisant notamment le site monsuperheros.be
Les Supervolontaires seront plébiscités et invités lors de la « Nuit des Associations », le 19 octobre prochain à laquelle nous vous invitons cordialement. J’espère vous y voir nombreux

La Cocof, le gouvernement francophone bruxellois, le parlement francophone bruxellois, ne sont pas des bizarreries institutionnelles éloignés des Bruxellois. Au contraire ! Il s’agit très concrètement de milliers de services rendus chaque jour par des personnes motivées, qu’elles soient fonctionnaires, employées du non-marchand ou bénévoles. C’est PAR elles que la politique est menée. C’est POUR elles que des solutions institutionnelles doivent être trouvées. Et c’est A elles que je dédie cette fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles en cette année 2011.

Bonne fête à tous ».