(C) A2M

La Plateforme Maison Passive organisait aujourd’hui un workshop international consacré aux avancées des régions d’Europe sur le thème de la promotion des constructions passives. Lors de cette rencontre intéressante avec des responsables et des experts venus des quatre coins du continent, j’ai eu l’occasion de faire le bilan des progrès de la Région bruxelloise en ce domaine.

Il y a 10 ans la Région de Bruxelles-Capitale  était « dernière de classe » en matière de performance énergétique de son bâti et la consommation énergétique de la Région n’avait cessé d’augmenter depuis 1990 (+ 11% de 1990 à 2004).  Ses 470.000 logements, en majorité des anciennes maisons et immeubles à appartements, étaient parmi les plus mal isolées d’Europe.

Si la tendance s’est inversée à partir de 2004 pour la Région (- 18% entre 2004 et 2010), le secteur du logement public social était pour sa part resté à la traîne. Il comportait en 2009 un patrimoine de 38.690 logements, majoritairement anciens et mal ou pas isolés. D’autre part, le plan régional du logement initié en 2004, qui visait à construire 5000 logements publics supplémentaires, n’ambitionnait pas initialement d’aller au-delà des prescriptions légales en vigueur en matière de performance énergétique des bâtiments, les normes PEB K40 et E90.

En 2009, l’accord de gouvernement a permis une avancée significative en matière de performance énergétique; c’est pourquoi dès mon entrée en fonction en juillet 2009, j’ai porté attention à l’efficacité énergétique des logements sociaux en Région bruxelloise pour réduire le coût d’occupation du logement des ménages bruxellois les plus fragilisés. En effet, coût d’occupation est calculé en additionnant le loyer (max 20% des revenus du ménage) et les charges. Résultat des course, la faible performance énergétique des bâtiments a des répercussions importantes sur les charges que doivent payer les locataires. Les coût énergétiques dépassant parfois le coût du loyer

La seule solution efficace à long terme pour protéger les locataires sociaux est  donc une évidence: il faut réduire les besoins énergétiques en rendant les logements existants et nouveaux plus efficaces.

Dès 2010, l’accord de gouvernement a été transcrit dans les contrats de gestion des deux principaux acteurs régionaux du logement social (la Société du Logement de la Région de Bruxelles-Capitale et le Fonds du Logement). Désormais toutes les rénovations lourdes se font au standard basse énergie, ou mieux si possible. Depuis, plusieurs centaines de logements en chantier et en projet:
– 866 nouveaux logements basse énergie (K30) sont construits ou en chantier
– 2360 logements passifs en chantier ou en projet.

Ce rattrapage spectaculaire contribue, en synergie avec les initiatives de ma collègue Evelyne Huytebroeck, à développer un véritable marché de la construction durable en Région bruxelloise, qui s’inscrit dans une autre initiative gouvernementale: l’alliance emploi-environnement, notamment dans son volet « construction durable ».

La grande échelle des projets a très vite permis une baisse des coûts de construction, si bien que des nouveaux projets du Plan régional du logement se construisent aujourd’hui en respectant le prix de référence de 1250€/m² brut, en application à la SLRB pour le logement social.

D’autre part, nous avons porté beaucoup d’attention à permettre aux locataires sociaux de s’approprier leur logement passif, et à récolter leurs expériences pour améliorer  l’accompagnement des nouveaux locataires des futurs immeubles passifs. Une véritable dynamique sociale se met progressivement en place, par exemple un groupement d’habitants de l’immeuble  « Espoir » à Molenbeek, une commune au niveau socio-économique faible. Les habitants se sont constitués comme  « les ambassadeurs du passif », dont ils font la promotion auprès d’autres locataires.

Au sein des administrations du logement, et en collaboration avec Bruxelles-Environnement, diverses procédures se mettent en place pour accompagner techniquement le développement du passif, citons:
– les formations  des opérateurs publics pour améliorer sensiblement le niveau d’expertise des maitres d’ouvrage, en partenariat avec la Plateforme Maison Passive et Bruxelles-Environnement;
– les formations des techniciens qui vont entretenir les systèmes, en les impliquant dès la phase de réalisation;
– la mise en place d’une guidance particulière ou accompagnement, obligatoire dès l’élaboration des projets passifs/ basse énergie;
– la récupération des données de la certification PEB pour alimenter le cadastre énergétique à la SLRB;
– la récolte des données pour une base de statistiques sur les consommations théoriques et réelles;
– la fixation dans les cahiers spéciaux de charge pour les bureaux d’étude et les  travaux le commissioning. C’est-à-dire garantir une période minimale de fonctionnement normal des installations (monitoring et commissioning) dans les projets avec techniques de ventilation à double flux, pour le réglage et l’optimisation des installations;
– l’exigence de Blowerdoor test et de  thermographie comme contrôle de résultat;
– prévoir dans les missions des bureaux d’étude une évaluation  du coût  d’entretien, dès la phase de conception ;
– la mise en place un partenariat avec Bruxelles Environnement pour la formation des travailleurs sociaux (mise en place feuille de route des actions à mettre en place pour le suivi social des habitants);
– la fixation dans les conventions avec les Maitres d’ouvrage (des projets du PRL) des obligations en terme d’accompagnement des nouveaux locataires (séances d’explication collectives et individuelles données aux locataires par les techniciens et les assistants sociaux);
– la mise mise à disposition de farde d’accueil pour les nouveaux occupants;
-etc

L’ensemble de ces actions permettra au secteur du logement public de prendre ses responsabilités pour protéger les locataires sociaux de la hausse du prix de l’énergie, contribuer exemplairement à la réduction des émissions de gaz à effets de serre le la Région, rattraper le retard historique et faire du secteur du  logement public le  catalyseur de la qualité énergétique des logements en Région bruxelloise.