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A quoi ressembleront nos modes d’habiter la ville demain ? Quelles seront nos réponses concrètes et opérationnelles dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme ? Pour en débattre, un colloque intitulé « Habitat durable : le rôle des villes » se déroule en ce moment (26 et 27 novembre) au Studio 4 de Flagey, Place Sainte-Croix à Ixelles. Ce colloque de 2 jours que j’ai initié se veut avant tout positif, prospectif et ancré dans la réalité. Son but est de déboucher sur des pistes qui pourront être transposées de manière opérationnelle dans la politique de l’habitat et du logement. Pour nous y aider, une série d’orateurs de renommée internationale tels que Anne Lacaton, Rob Hopkins, Paola Vigano ou Jean Haëntjens y participent.

Voici mon discours d’introduction :


Mesdames, Messieurs,

Bonjour et bienvenue à toutes et tous,

J’ai le plaisir et l’honneur d’introduire ce colloque qui me tient particulièrement à cœur parce qu’il constitue un moment de prospective précieux à l’heure où notre Région, comme beaucoup d’autres villes et Régions, est amenée à construire des transitions qui doivent lui permettre d’intégrer l’ensemble des contraintes sociales, économiques et environnementales qui s’imposent à elles. Un moment de prospective est un moment qui permet de prendre un peu de recul dans le rythme des décisions quotidiennes, pour donner la parole à celles et ceux qui, ici ou ailleurs, développent des solutions innovantes.

L’intuition initiale de ce colloque fut basée sur la question suivante : et si les villes avaient un rôle fondamental à jouer dans ce contexte de transition de nos sociétés ? Et si, à certaines conditions, les villes pouvaient constituer une réponse structurelle aux crises économiques, sociales et écologiques que nous rencontrons depuis plusieurs années ?

Pendant très longtemps, en Belgique, on a considéré que tout le monde pouvait aller habiter « n’importe où », sans que cela puisse prêter à conséquence, ni sur le plan personnel, ni sur le plan collectif. Le choix individuel, souvent soutenu par des mesures urbanistiques et fiscales publiques, de vivre, travailler, consommer, se divertir, se scolariser à tel ou tel endroit a des conséquences sociétales, économiques et écologiques réelles qu’il convient d’analyser et d’intégrer dans leur ensemble. Ceci doit à mon sens nous amener donc à changer structurellement de paradigme. Réfléchir à l’habitat durable et au rôle des villes dans ce contexte ainsi qu’aux mesures que nous devons prendre sur le plan collectif et individuel nous aidera à le réaliser.

Bruxelles, métropole, capitale de la Belgique, mais aussi celle de 500 millions d’Européens, illustre bien les multiples défis qu’il s’agit de dépasser et de transformer, positivement.

Le premier défi que je souhaite mettre en avant, c’est le défi démographique.

La dernière actualisation des perspectives démographiques pour Bruxelles évalue la croissance à 14.000 habitants par an. Si cette évolution perdure et se concrétise, la population officiellement enregistrée de la Région bruxelloise dépassera donc 1.230.000 habitants en 2020. La croissance démographique est principalement due à un taux de natalité nettement plus élevé à Bruxelles que dans les deux autres Régions. La Région connaît depuis des décennies un solde négatif de migrations internes, notamment des familles avec des enfants en bas âge. Si l’exode urbain (périurbanisation) d’une partie des ménages peut constituer une soupape à l’accroissement naturel de la population et aux migrations internationales qui continuent d’exercer la plus grande influence sur la composition de la population, il signifie aussi une accentuation de la dualisation sociale dans la Région et une perte de ressources.

Ce qui m’amène à aborder un deuxième défi, celui de la crise sociale, notamment celle du logement.

De plus en plus de Bruxellois rencontrent des difficultés pour exercer leur droit constitutionnel à un logement décent. L’offre ne rencontre pas la demande : plus de 50.000 ménages sont en attente d’une aide publique, que ce soit dans le domaine du logement moyen ou du logement social.

C’est dans les villes que le désajustement entre les prix de l’immobilier et les revenus réels des personnes est le plus marqué.

La ville produit les richesses mais concentre une grande part des pauvretés dues aux situations de transition ou de décrochage socio-économiques : jeunes sans emploi, demandeurs d’asile, familles monoparentales… en bref, toutes les personnes se portant candidates à intégrer la ville comme lieu générant de l’activité et des emplois, mais qui n’y trouvent pas toujours et tout de suite leur place.

Un troisième défi, transversal, est le défi environnemental. La ville est l’habitat de l’homme. Celui-ci entretient avec son cadre de vie des rapports complexes qui peuvent pour partie être assimilés à ceux d’un écosystème : cycles de la matière, chaînes alimentaires, effets de rétroaction…

En effet, la ville consomme et produit des flux (de personnes, de matière, d’énergie), les métabolise, et ensuite les rejette (eaux usées, air pollué, déchets, marchandises usagées).

L’évaluation de l’impact de ce que la ville consomme et rejette, soit son empreinte écologique, permet de mettre en évidence les limites de nos modes de vie et la façon de les rationnaliser, avec la nécessité de les remettre en question.

Ce qui doit nous amener à évoquer un quatrième défi corollaire : comment soutenir le développement d’une économie durable, peu délocalisable, accessible aux nombreux publics dans la diversité de leur qualifications, une économie capable de rencontrer la plus grande partie des besoins de la zone où elle se développe, mais aussi une économie qui se base sur l’activité même produite par la ville et capable de traduire en opportunités les contraintes et défis qui lui sont imposés.

Enfin, la ville jouit d’une diversité culturelle qui constitue manifestement un cinquième défi et doit en outre réguler les liens entre les communautés, les groupes, les âges et les genres et les fonctions… Les Bruxellois et les nouveaux arrivants ne forment pas un groupe homogène mais sont néanmoins amenés à se croiser, à travailler, à s’installer demain dans la ville. Il s’agit d’accueillir cette diversité comme un élément pouvant enrichir Bruxelles ainsi que celles et ceux qui y vivent.

Toutes ces réflexions sont fondamentalement liées à la notion du « vivre ensemble » et à la construction perpétuelle du NOUS. En effet, dans les villes, et à Bruxelles en particulier, un enfant sur deux a au moins un parent d’origine étrangère. Les populations urbaines se composent donc aujourd’hui de groupes de personnes amenées à vivre ensemble dans un même contexte sans pour autant partager un passé commun. Se pose alors la question du difficile ajustement entre les valeurs, codes, modes de fonctionnement et principes fondamentaux des uns à ceux des autres. Par contre, tous et toutes partagent incontestablement le destin de vivre ensemble. Les questions essentielles qui surgissent sont alors : comment donner envie de mettre en avant ce qui nous rassemble plutôt que ce qui nous sépare ?

Ces défis, toutes les grandes villes du monde, malgré leurs différentes réalités, y sont confrontées.

Comment pouvons-nous les évaluer, les dépasser et les transformer en opportunités ? Comment en tirer profit pour nourrir nos réflexions et orienter nos actions sur Bruxelles ? En partant aussi du principe que la ville elle-même porte en elle les solutions.

Poser la question des défis dans l’objectif de les relever implique en amont une prise de conscience de ceux-ci par les différents acteurs et nécessite de dépasser l’approche pessimiste et alarmiste. Nous pouvons aborder ces défis comme des opportunités pour mettre en place de nouveaux modes de vie en ville, plus conviviaux, plus démocratiques, plus accessibles et plus équilibrés. En d’autres termes, comment faire face à ces défis et faire en sorte qu’ils enrichissent la ville ?

Ce sont finalement ces questions qu’aborde ce colloque. Ces questions qui doivent mobiliser le politique qui avec l’aide des sociologues, urbanistes, architectes, conjoncturistes et autres compétences scientifiques qui analysent, conceptualisent, modélisent et expérimentent permettent petit à petit de transformer l’essai.

La ville compacte, qui relocalise ses activités productives et qui substitue des services aux objets manufacturés, a l’immense avantage d’économiser les ressources naturelles et de minimiser ses déchets, de limiter les besoins en déplacements, de favoriser un développement économique endogène et de générer des emplois locaux. Autrement dit, la ville durable n’est pas seulement une ville qui participe à la lutte contre le réchauffement climatique en imposant à ses bâtiments des standards de performance énergétique élevés, c’est aussi et surtout, l’espace physique et politique au sein duquel de nouveaux rapports économiques et sociaux doivent pouvoir se déployer, avec pour horizon les solidarités que nous impose désormais la sauvegarde de notre environnement commun.

Il s’agit d’aller plus loin que la simple intégration des enjeux environnementaux, et bien de postuler un modèle de développement régional cohérent et équilibré entre des objectifs sociaux, économiques et environnementaux que nous pourrions résumer dans le concept de Ville durable.

Les villes devront mener des stratégies de résilience, c’est-à-dire d’adaptation et de renforcement de leur capacité à répondre aux enjeux climatiques (pollution de l’air, augmentation des températures), et aux enjeux énergétiques (raréfaction du pétrole, énergies alternatives). Cette vision doit être une opportunité pour Bruxelles et, pour les Bruxellois, de sortir des difficultés.

C’est dans cette vision que la politique du logement est appelée à devenir celle de l’habitat ; guidée par une conception de l’Humain comme moteur de l’ensemble complexe qu’est la ville.

En termes d’action publique, il s’agit de dépasser l’approche fonctionnaliste se limitant au cadre de l’espace intime du logement pour l’étendre à l’espace public. Il s’agit de considérer le vivre ensemble pour tirer profit des potentiels de la ville tant morphologiques qu’humains.

Mais comment bien vivre dans une ville qui se densifie, comment donner l’envie d’y vivre ?

Parmi d’autres, je retiens, pour Bruxelles, les nécessités suivantes :

  1. Il faut rendre Bruxelles accessible et attractive pour toutes les classes sociales : amélioration du cadre de vie, accessibilité à un enseignement et à des formations de qualité, aux services publics, à une mobilité interne efficiente (transport public),… ;

  1. Il convient d’optimaliser l’occupation du bâti existant et de créer du logement public de qualité via la mobilisation des grandes réserves foncières, les bureaux et logements vides, les logements au-dessus des commerces, une réflexion sur le bâti existant (rehausse/division des immeubles…) ;

  1. Parallèlement, il faut prendre en compte la question « comment densifier ? » en postulant le modèle de la ville des distances courtes (ville à pied, ville à vélo, renforçant les centralités secondaires ou les centralités de quartier (ville polycentrique) autour des nœuds de transports publics) et définir les conditions de réussite de la densification de la ville (tenir compte des variations de densité actuelle, valorisation des espaces verts et de l’espace public en général, encadrer les possibilités d’augmentation des gabarits…) ; 

  1. C’est donc probablement à l’échelle des communes qui composent l’aire urbaine bruxelloise qu’il faut tenter de répondre à certains enjeux que la ville compacte ne pourra pas satisfaire seule : par exemple, la ville diffuse correspondant à la zone RER est probablement un terrain privilégié d’expérimentation de circuits courts et du concept zéro émission. Ce scénario n’est pas utopique. Le périurbain est le lieu privilégié de déploiement de l’agriculture liée à la ville; cela pose des problèmes d’usage du sol qui viennent s’ajouter à ceux qui ont déjà été évoqués.

Les enjeux de la Ville durable se posent donc également à l’échelle métropolitaine. Et le carcan dans lequel Bruxelles se trouve enfermé administrativement doit être perçu aussi comme une opportunité. C’est une opportunité qui oblige à la fois à une optimalisation de l’utilisation du sol sur toutes les parties du territoire bruxellois : densifier pour maximiser les opportunités de nouveaux développements urbains, arriver à une meilleure utilisation des zones économiques, et travailler sur les espaces publics via la récupération de l’espace pris par la voiture et à la fois à conclure des alliances avec les zones limitrophes.

La politique de logement de la Région de Bruxelles-Capitale repose sur 3 axes principaux : la construction, la rénovation et l’innovation.

La construction de nouveaux logements publics et la rénovation du parc de logements existant sont des politiques essentielles pour la Région qui doivent être poursuivies et monter en puissance. Je citerai à titre d’exemple de ces mesures le Plan régional du Logement (80 projets sont en cours de développement dans presque toutes les communes de la Région de Bruxelles-Capitale) et les budgets importants (300 millions) dégagés depuis 2009 par la Région pour la rénovation du parc de logement social existant.

Parallèlement à ces politiques, j’ai voulu une réflexion sur de nouveaux modes d’habiter la ville, à la fois en termes de processus (nouveaux publics-cibles, nouveaux types de montages juridiques et financiers, associations des habitants …), et en termes techniques.

On le sait, une réponse classique et « mono-idéologique » sur la production de nouveaux logements en Région bruxelloise ne suffit plus. Des initiatives ont donc été prises.

Dans le cadre de la réforme du Code du logement, la Région introduira les concepts novateurs en définissant l’habitat intergénérationnel et le logement solidaire pour apporter une existence légale et une visibilité à ce type d’habitats. C’est une étape importante qui est sur le point d’être franchie puisque ce type d’habitat n’avait jusqu’à présent aucune existence juridique. Mais il y a plus que les textes de loi.

Une Agence immobilière sociale (AIS) s’est spécialisée dans la création de logements collectifs et intergénérationnels et des projets pilotes publics sont d’ores et déjà lancés, à Schaerbeek, Laeken, Neder-over-Heembeek et Anderlecht : des logements communautaires pour personnes âgées, des logements intergénérationnels et des logements pour étudiants. Environ 500 unités de logement d’un nouveau type sont en voie de création.

Un autre élément important dans le domaine de l’innovation sera la naissance prochaine du concept de Community Land Trust (CLT), une petite révolution dans le secteur du logement bruxellois. Le budget régional de 2013 prévoit les budgets nécessaires pour mener les premiers projets pilotes du CLT.

Que ce soit en termes d’utilisation rationnelle de l’espace, d’accessibilité financière au logement, d’utilisation rationnelle de l’énergie ou pour des raisons de solidarité, je soutiens les formes alternatives d’habitat que sont le cohabitat et le logement intergénérationnel.

Au-delà de ces nouveaux modes d’habitat, je me réjouis que ce colloque soit également l’occasion d’évaluer des propositions innovantes qui considèrent les habitants comme co-auteurs de leurs logements et de leurs espaces publics, et non comme de simples consommateurs de ceux-ci.

Vous le constaterez, ce type de collaboration se fait jour ici et là, je pense aux mouvements en transition dont le citoyen constitue la principale force d’action. Les acteurs, citoyens et praticiens détiennent effectivement des connaissances de terrain : des possibles mais également des difficultés. Une politique humaniste, ambitieuse et efficace se doit, à mon sens, d’intégrer ces connaissances.

La transition vers un logement plus durable est souvent abordée en termes de démocratie participative, appelant à mieux intégrer les citoyens dans les prises de décision et l’élaboration des projets. Un élément très important aussi pour la prise de responsabilité de publics parfois précarisés, étape importante sur le chemin de l’émancipation et de la reconnaissance.

Cette démarche réclame l’abandon d’une série de solutions toutes faites et une écoute attentive que la Région est prête à engager.

Je vous le disais en guise d’introduction, ce colloque entend, d’une part, traiter la question de la ville de demain et, d’autre part, explorer la question de la ville comme habitat.

Les thématiques qui seront abordées durant ces deux journées de colloque engloberont le local et le global, chaque échelle sera ainsi questionnée : les acteurs, les modes d’habiter et les modes de vie, l’inscription de la ville métropole dans son territoire…

Le colloque présentera ainsi des approches variées de l’habitat, de l’échelle territoriale à l’échelle de l’architecture en passant par l’échelle des citoyens des mouvements en transition.

Des experts de renom ont accepté de venir alimenter ces débats en présentant leurs réflexions, projets et retours d’expériences. Je les en remercie vivement.

Je tiens à remercier également le Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale et la Faculté d’Architecture « La Cambre Horta » pour leur collaboration dans l’élaboration de ce colloque.

Vous qui êtes présents aujourd’hui, je souhaite vous inviter, inciter, à prendre une part active aux changements possibles. Prenons ensemble conscience de l’influence de l’action humaine sur l’environnement, cherchons à réconcilier ville et nature, interrogeons-nous sur le rôle des villes. Ce colloque vise à mettre en lumière les moyens humains et morphologiques disponibles et imaginables, ici et ailleurs, en vue d’établir une politique prospective et globale, de la façon dont on pourra, demain, habiter Bruxelles.

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