1394427_10151887037564654_877719883_nPour la troisième année consécutive, l’association AMT-concept organisait ce mardi 15 octobre une action de sensibilisation auprès des étudiant-e-s sur l’enjeu de l’accessibilité de la ville pour tous. Je soutiens leur projet depuis le début en tant que Ministre mais j’ai tenu à aller un peu plus loin dans l’expérience qu’ils proposent dans le cadre de leur action LIBERCITY. L’idée consiste à faire collaborer la population à l’aide aux personnes handicapées en recensant concrètement les lieux accessibles et en les rendant publics sur leur site Bruxelles Pour Tous. Cette année, l’action a eu lieu sur le campus de l’Université Libre de Bruxelles qui nous a accueilli positivement. Après quelques discours de présentation, nous sommes tous partis par petits groupes recenser l’accessibilité des différents sites. La démarche s’apparente aux marches exploratoires des femmes initiées il y a quelques années au Canada et pratiquées aussi chez nous.

J’embarque donc avec moi la fiche de rapport et on se dirige du « Foyer » de l’ULB à la bibliothèque de Sciences humaines qui se situe à quelques mètres. Premier obstacle : parvenir à ouvrir les lourdes portes de sortie pour les personnes en chaise roulante. Miguel GEREZ, président de l’association, parvient à ouvrir la porte difficilement. Ces portes comme les autres portes essayées plus tard ne disposent pas de « bras ralentisseur » pour amortir le poids de la porte et permettre de sortir plus aisément. Bonne nouvelle par contre, les portes sont suffisamment larges. Dès la sortie du Foyer, une voie avec une pente de 5° est prévue sur une dizaine de mètres pour permettre l’entrée ou la sortie aisément en chaise roulante. Par contre, il faut traverser une allée avec des pavés très inconfortables avant d’arriver devant le bâtiment de la bibliothèque. Là, à nouveau même constat par rapport aux portes d’entrée. L’accueil se fait en sous-sol. On remarque qu’une porte spéciale est prévue au rez-de-chaussée pour les PMR. Celle-ci est fermée. Pas de chance, la sonnette ne fonctionne pas aujourd’hui en raison (on l’apprendra plus tard) d’un problème de téléphonie et le téléphone est fixé bien trop haut pour un accès en chaise roulante. Après de très longues minutes d’attente, on parvient à contacter quelqu’un qui retrouve une clef pour permettre l’accès au bâtiment. Heureusement, s’en suivent quelques constats très positifs : toutes les tables de travail sont adaptées (bonne hauteur et dégagement sous le plan de travail pour permettre l’accès de la chaise) ; il y a des indications assez claires pour les toilettes et les ascenseurs. Par contre, rien n’est prévu pour les mal-voyants. Les toilettes sont bien adaptées (largeur, accessibilité) mais certaines améliorations devraient être apportées : il n’y a pas de « lisse » du côté intérieur de la porte pour aider à la refermer et il n’y a pas systématiquement de poignée de soutien installée. En ce qui concerne la visite de la bibliothèque, si les tables sont bien adaptées, les étagères sont souvent trop hautes et surtout les informations placées trop haut avec des imprimés écrits dans des caractères trop petits. Le bureau d’accueil est lui aussi un obstacle compte tenu de sa hauteur, mais il devrait prochainement être remplacé par un meuble clairement plus adapté. Les portes d’ascenseur quant à elles, si elles permettent tout juste l’entrée en chaise, elles ne semblent pas respecter les dernières normes en ce qui concerne la largeur et ne contiennent aucune information pour les mal-voyants. Dernier problème constaté, en cas d’urgence, aucun dispositif ne semble prévu pour les PMR.

Conclusion : il est évident que les autorités de l’ULB ont essayé d’intégrer l’accessibilité des PMR. Elles nous ont d’ailleurs accompagné dans cette démarche pour pouvoir être à l’écoute de tout ce qui devait être amélioré. Le bâtiment visité est de loin meilleur que beaucoup d’autres bâtiments publics ou privés. Et pourtant, à l’expérience, il faut bien constater qu’on est très loin d’une logique d’inclusion et que certains « détails » peuvent avoir des conséquences totalement excluantes pour le public des personnes à mobilité réduite. Y a-t-il un seul argument valable pour exclure d’une université, d’un restaurant, d’un musée, d’un logement une personne à mobilité réduite ? C’est pourtant ce qui se passe concrètement dans notre société. Ce type d’expérience nous montre à quel point nous devons encore nous mobiliser dans nos politiques pour améliorer cette situation et surtout combien il est urgent que nos étudiant-e-s, qui seront les prochain-e-s professionnels architectes, urbanistes, ingénieur-e-s, enseignant-e-s… soient mieux formé-e-s pour construire une société d’inclusion totale.