DSC01387Samedi, j’ai rencontré, à Ixelles, dans un local de distribution, rue Gray à Ixelles, le réseau des GASAP (Groupes d’achat solidaire de l’agriculture paysanne). Comme dans tous les « GASAP », des gens de tous horizons viennent y chercher deux fois par mois, des paniers de légumes, fruits, jus, fromages, pains etc en provenance de petits producteurs, de Flandre et de Wallonie.

A cette occasion les bénévoles avaient organisé un petit apéro où chacun apportait quelque chose à déguster. Deux jeunes brasseurs avaient été conviés, pour nous faire goûter leur première production de deux bières fermentées avec des pommes , issue d’une petite production à Pécrot.

Un moment convivial donc, malgré une météo pluvieuse, durant lequel j’ai pu mesurer l’ampleur qu’a pris à Bruxelles le réseau des GASAP (carte ici) , les enjeux liés à cette nouvelle forme de relation entre producteurs et consommateurs et la formidable énergie déployée tant par l’équipe des permanents que par les bénévoles qui donnent de leur temps pour organiser les paniers et leur distribution.

Les choses ont bien évolué depuis les années 70 quand Coprosain tentait de mettre en place une résistance face à l’agriculture intensive ; l’objectif reste toujours le même : réduire les intermédiaires et la distance entre les producteurs et les consommateurs et remettre les citoyens au centre des préoccupations de la production agricole. 74 GASAP existent aujourd’hui à Bruxelles et les produits se diversifient au fil du temps.

J’y vois de nombreuses avancées constructives et positives :
– La participation aux GASAP modifie la manière de consommer
– Elle donne envie à de plus en plus de jeunes de retourner vers la terre et se lancer dans une activité agricole.
– Les producteurs préfèrent travailler avec les GASAP plutôt que sur des marchés car ils ont une garantie pour le volume d’achat.
– Cette démarche implique des échanges entre régions. Bruxelles ne peut produire seule les biens nécessaires à la consommation alimentaire de ses habitants. De nécessaires échanges commerciaux doivent avoir lieu avec la Flandre et la Wallonie, ce qui est très positif pour décloisonner notre région et dans lesquels chacune des régions est gagnante.
Bref, autant de raisons de continuer à faciliter et soutenir ce type d’initiative citoyenne.

Un des enjeux aujourd’hui, et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de soutenir le projet de GASAP social, c’est d’élargir la démarche à d’autres publics et de parvenir à toucher des personnes plus défavorisées. Des permanences sont organisées avec les CPAS pour informer les personnes qui s’imaginent que ce genre de consommation n’est pas à leur portée, à l’instar de ce qui a été fait pour la consommation énergétique. Il s’agit d’un véritable enjeu d’éducation permanente.

Plus loin encore, les membres du réseau m’ont interpelé sur leur volonté de réfléchir à un modèle de GASAP dans lequel les membres interviendraient financièrement en fonction de leurs revenus, afin d’organiser une solidarité financière directe entre citoyens.

Je pense qu’il faudrait dans chaque quartier, un local, une maison, où pourraient s’organiser les GASAP (réception des marchandises, organisation des paniers et distribution) mais aussi servir de stockage pour du matériel partagé (foreuse, tondeuse à gazon, remorques…), à commencer par les quartiers de logements sociaux où le pouvoir public a les leviers pour l’organiser. Cela aurait non seulement un impact formidable sur la qualité de la consommation (produits issus de l’agriculture locale) mais aussi sur le pouvoir d’achat des ménages en diminuant les dépenses.

D’autre part, je pense que la Flandre et la Wallonie doivent quant à elles aider les producteurs à faciliter leur mise en réseau, toujours dans l’optique de diminuer les intermédiaires, et de proposer des solutions collectives et solidaires d’entreposage et de transport.

Le réseau des GASAP touche un sujet d’une importance capitale pour l’ensemble des Bruxelloises et des Bruxellois : l’alimentation. Cette préoccupation de tous est depuis quelques années maintenant, au cœur d’un large débat environnemental, économique, sanitaire, social et donc politique. Voilà pourquoi je soutiens depuis longtemps et je continuerai à le faire, tout ce qui touche de près ou de loin à une alimentation durable, du producteur au consommateur, en passant par les transformateurs et les restaurateurs.