Quand le web a commencé à percer dans nos vies au quotidien, je me suis dit ; « Tiens, y a un truc nouveau qui est en train de se passer et qui va bouleverser le monde ».
Quand en 2012, l’asbl IMAL, que je soutiens depuis le début de la législature, m’a présenté un petit buste de moi en résine, en 3D, directement sorti de l’imprimante de leur Fablab, je me suis dit : « Tiens, y a un truc nouveau qui est en train de se passer et qui va bousculer notre manière de concevoir une multitude de disciplines : médecine, mécanique, logement, arts plastiques, etc. il ne s’agit pas d’une innovation technologique tout simplement mais bien d’un concept qui nécessite de nouvelles connexions dans nos cerveaux pour une créativité très différente. »
L’enjeu de la créativité est très important pour une ville comme Bruxelles, voilà pourquoi je soutiens que les prochaines années à thèmes à partir de 2016 soient des années de créativité. Dans cette perspective, la logique de développement des Fablab qui est en train de prendre de l’ampleur en ce moment doit nous faire réfléchir à une stratégie dynamique et ambitieuse pour stimuler la créativité dans notre Région.
Voilà pourquoi j’ai rencontré entre autres, quelques représentants de fablab et de makerspaces bruxellois :
- L’asbl IMAL qui a ouvert en 2012 un FabLab destiné aux artistes, designers, bricoleurs et toute personne créative et dont le succès dépasse largement les frontières de la région et du pays. Il est également utilisé à des fins sociales par des associations qui y organisent entre autres des ateliers pour les jeunes du quartier éveillant à la créativité avec les nouvelles technologies. L’objectif de l’asbl est de valoriser davantage son outil et d’être par exemple reconnu aussi comme opérateur de formation et catalyseur d’innovation sociale et économique.
- La faculté d’architecture La Cambre Horta ULB qui possède un FabLab mobile et partageable destiné à ses étudiants et projette un FabLab fixe accessible à toutes les autres facultés de l’Université ainsi qu’au public.
- Openfab qui propose une mise en commun de savoir-faire traditionnels autour de la fabrication, du multimedia et de l’écologie
- Realize, atelier partagé constitué de plusieurs espaces aménagés et remplis d’outils pour que les artisans, artistes, entrepreneurs, créateurs, constructeurs, bricoleurs, Makers et curieux puissent y réaliser pratiquement n’importe quel objet.
- Crearnet, qui propose gratuitement aux écoles et aux associations un large éventail d’ateliers multimédias permettant d’intégrer les dernières évolutions de la technologie au parcours scolaire des jeunes de Molenbeek. C’est aussi un accompagnement informatique et multimedia pour les jeunes de porteurs d’un projet personnel, hors cadre scolaire ou associatif.
Le constat posé par l’ensemble des participants à la rencontre est celui de l’émergence d’un nouveau monde, un monde fait de « makers », de fablabs, d’opensource, etc qui peut paraître effrayant mais qui laisse présager de nouvelles perspectives. Il s’agit la plupart du temps d’initiatives de citoyens qui se mobilisent pour créer des espaces de recyclage, de création, de réparation, qui s’approprient complètement les nouvelles technologies et créent autour d’elles du lien social. Il s’agit d’une vraie révolution du monde d’en bas, auquel s’intéresse de plus en plus, le monde d’en haut, celui de la production industrielle.
Ce nouveau monde est composé de différents projets visant différents objectifs. Ainsi, certains souhaiteraient voir leurs réalisations être produites industriellement, d’autres souhaiteraient pouvoir être reconnus comme opérateurs de formation professionnelle (notamment par Bruxelles Formation), d’autres encore voudraient que ces laboratoires soient reconnus par le monde académique et utilisés dans le cursus scolaire, d’autres souhaiteraient que les technologies soient mises directement au service des citoyens par exemple dans la production de petites pièces de réparation d’ustensiles anciens, etc. Un autre représentant insistait fort sur le rôle de lutte contre l’exclusion que jouent ce genre de lieux, qui luttent contre la fracture numérique et technologique.
Cette rencontre a été pour moi l’occasion de mesurer que ce type d’initiatives donne du sens à des politiques que je mène pour revaloriser l’enseignement technique et qualifiant ou que je défends comme le tronc commun dans le cursus scolaire.
L’occasion aussi de me poser la question de l’évolution radicale du travail manuel avec ce genre de technologies. Il faudra l’anticiper pour qu’elles ne soient pas rejetées par le monde du travail. Car de nombreux secteurs pourraient être intéressés : médecine, architecture, design, mécanique, etc. Il s’agit en fait de questions éminemment politiques, qu’il ne faut pas évacuer.
Mais plus que tout, je mesure mieux à quel point tout ce dynamisme et cette énergie créatrice qui émane de la société civile, doit être profitable à Bruxelles, capitale du pays et de l’Europe !
Pour y parvenir, je pense que la Région doit organiser une interconnexion de tous ces laboratoires pour qu’un réseau se crée, qu’une entraide s’organise et pour que la visibilité de ces espaces s’accroisse, sans pour autant gommer les spécificités de chacun. Passer de quelque chose de spontané à quelque chose de réfléchi, sans mettre à mal la liberté nécessaire à la créativité.
Et donc y mettre les moyens. Les années à thème me semblent idéales pour y répondre. Peut-être que des « Fabcafés » sur base du modèle des cafés politiques ou numériques sont un moyen d’y arriver.
De plus, il faut une réflexion des pouvoirs politiques bruxellois sur des programmes de soutien de l’émergence d’un dynamisme organisé, comme cela existe en Flandre ou en Wallonie. Des programmes qui rassemblent les initiatives citoyennes, les pôles académiques, le monde de la production industrielle, les écoles, les artisans, les associations de cohésion sociale, etc. Des fonds sont disponibles notamment au niveau européen (FEDER), il est temps de faire en sorte que Bruxelles y ait accès. Je pense particulièrement aux moyens qui vont être déployés dans la zone du canal.
Je suis donc intimement convaincu que Bruxelles doit soutenir ce secteur des fablab, makerspaces et autres DIY spaces, secteur en pleine expansion. Le gouvernement doit à la fois définir une stratégie avec les principaux concernés et y mettre des moyens tenant compte des besoins exprimés. Faire que Bruxelles aussi ait son programme « Creative Brussels », un programme de, par et pour tous les Bruxellois créatifs.