Vous trouverez ci-dessous l’interview que j’ai accordée à Francesco Randisi, journaliste au « Metro ». Dans le contexte politique que connaît la Belgique depuis le 10 juin 2007, cette interview a été l’occasion d’aborder des thèmes comme le refinancement et l’organisation de la Région bruxelloise ainsi que les travaux du Groupe Wallonie-Bruxelles.
Il me paraît en effet primordial d’accorder un financement permettant à Bruxelles d’assumer toutes les missions que l’on attend d’elle. Bruxelles est un atout pour la Belgique et un refinancement structurel serait tout bénéfice pour l’ensemble des Bruxellois et des Belges.

Représentant Ecolo au sein du Groupe Wallonie-Bruxelles avec Marcel Cheron, Dominique Braeckman et José Daras, nous souhaitons définir un projet commun pour Bruxelles et la Wallonie en restant respectueux des personnes issues de la société civile pour leur permettre la meilleure participation possible.

La mobilité est un autre sujet abordé dans l’interview. Au moment où Bruxelles accueille le salon de l’auto et où les problèmes de mobilité se font de plus en plus croissants, je travaille à developper de réelles alternatives comme la création de la carte HYPERMOBIL. Il s’agit d’une carte unique qui se veut une alternative à la voiture de société et qui permettrait de voyager sur l’ensemble des réseaux de transport en commun et le thalys mais également de faire usage du taxi, du système de voiture partagée et du vélo. Vous trouverez davantage d’information sur cette carte dans la rubrique « Mes projets ».

N’hésitez pas à me poser toutes vos questions dans la rubrique qui y est consacrée.

Extrait de METRO 21 janvier 2008

« Il faut refinancer Bruxelles avant de penser à l’élargissement »

BRUXELLES Christos Doulkeridis, le chef de file des Ecolos bruxellois, espère que Bruxelles pourra tirer son épingle du jeu lors du débat sur l’avenir institutionnel du pays. Mais le président du Parlement francophone bruxellois appelle les hommes politiques de la capitale à recentrer la discussion sur une autre priorité : son refinancement.

Ces derniers temps, le sort de Bruxelles et de sa périphérie a fait l’objet de beaucoup de déclarations tonitruantes. On n’a pas vraiment entendu Ecolo sur ce dossier
« Ecolo s’exprime depuis des années sur ces questions. Nous avons été parmi les premiers à dénoncer le paradoxe d’une région qui est la première en Belgique en terme de contribution au PIB mais où le taux de chômage est le plus important.
Mais si cette injustice était réparée par des mécanismes de financements adaptés, on n’en serait pas là. Dans ce petit jeu des phrases qui sortent, la question du refinancement juste de Bruxelles est peu présente alors qu’Ecolo la porte depuis presque 10 ans. Je suis convaincu que c’est le bon moment d’avancer sur le dossier du financement juste de Bruxelles.
Quand je parle de refinancement de Bruxelles, il faut le faire en considérant Bruxelles comme une région à part entière mais mal financée parce qu’elle ne l’est pas en fonction de la richesse qu’elle apporte vraiment. A notre niveau, c’est le bon moment de montrer que les Bruxellois parlent d’une même voix. On doit prouver qu’on est capable de défendre nos intérêts communs sans tomber dans le piège d’une logique communautaire. C’est un défi extrêmement important pour tous les partis présents à Bruxelles. »

Parler de l’élargissement de Bruxelles en contrepartie d’une nouvelle réforme de l’Etat n’est pas une priorité pour vous ?
« Ecolo a déjà mis l’élargissement de Bruxelles dans son programme, soyons clairs. Pas pour des raisons linguistiques mais bien pour des motifs socio-économiques. J’ai perçu au fédéral une volonté d’avancer par étape sur l’institutionnel. Le premier geste que le fédéral, la Flandre et la Wallonie pourraient poser dans ce cadre-là, ce serait de proposer de financer correctement notre capitale et de la respecter comme une entité égale aux autres. Même s’il existe des demandes controversées du côté flamand, un tel geste démontrerait une volonté au nord du pays de rester dans une logique belge. »

L’idée de constitution d’une communauté urbaine élargie autour de Bruxelles telle qu’avancée dans la note de Guy Verhofstadt ne vous fait pas craindre une dérive cogestionnaire sur Bruxelles ?
« Il faut réfléchir par étape. Il y a plein de choses à faire à partir du moment où on obtiendrait un refinancement de Bruxelles. La question de l’élargissement mérite d’être posée dans un second temps, tout comme celle de la communauté urbaine. Si l’objectif est d’entrer dans cette logique, parler de communauté urbaine est positif. Je ne fais pas de procès d’intention à Verhofstadt sur ce point-là mais si le but est de cogérer Bruxelles, ça ne va pas. »

Vous pensez que Bruxelles est bien représentée dans le « groupe des 18 » pour se faire entendre ?
« Malheureusement, ce n’est pas le cas. Ceci dit, je trouve positif que l’on consulte les régions mais à condition que la Région bruxelloise puisse s’exprimer d’une seule voix et de la meilleure façon possible. C’est un véritable test qui va conditionner l’attitude des autres. Les Bruxellois vont-ils s’exprimer en tant que Bruxellois ou vont-ils se contenter de parler au nom de leur seule communauté linguistique ? C’est le principal enjeu. »

La Communauté française a lancé une discussion sur les liens entre Bruxelles et la Wallonie. Pensez-vous que Bruxelles doit lancer un grand débat sur ses institutions ?
« Aucune entité n’échappe à un devoir de conscience. Les Bruxellois doivent réfléchir au meilleur moyen de s’organiser dans leurs compétences. Il faut repenser la répartition des compétences entre la région et les communes. Un des dossiers emblématique est celui du stationnement. Chacune des 19 communes de la Région bruxellois dispose d’une politique de stationnement différente. Ce n’est pas normal. »

Récemment, les coprésidents du groupe Wallonie-Bruxelles ont laissé entendre qu’ils voulaient accélérer le timing. Cela vous inquiète ?
« J’ai été choqué par Antoinette Spaak et Philippe Busquin. Le défi de ce groupe a été de l’ouvrir aux avis de la société civile. Or, si on veut réussir ce défi ambitieux, il faut respecter le rythme de travail de ces gens et leur contribution. Bousculer l’agenda et imposer des résultats pour mars sans concertation avec les gens de la société civiles, dire que les politiques feront les conclusions seuls, ce n’est pas respectueux du contrat de départ. C’est du foutage de gueule. Si le but est de plomber cette dynamique, on ne pouvait pas s’y prendre mieux… »

Vous pensez que PS et MR ont déjà tout prévu ?Récemment, les coprésidents du groupe Wallonie-Bruxelles ont laissé entendre qu’ils voulaient accélérer le timing. Cela vous inquiète ? « Non, je pense surtout qu’il y a un emballement à cause de ce qui se passe au niveau fédéral. Or, l’emballement n’est pas la meilleure façon de travailler. Il ne fallait pas demander aux personnes de la société civile de faire partie de ce groupe si on savait à l’avance qu’on voulait travailler avec nos rythmes politiques. Ces personnes ne sont pas à la disposition du politique. Elles ont pris la responsabilité de travailler dans ce groupe. Si c’est pour leur dire qu’elles n’auront pas leur mot à dire dans les conclusions, ça ne va pas. »

« Les présidents du groupe Wallonie-Bruxelles doivent respecter l’avis des membres de la société civile »

La Communauté française est-elle aujourd’hui suffisamment outillée pour répondre aux problèmes bruxellois ?
« La dualisation de l’enseignement qui existe en Communauté française est exacerbée à Bruxelles. Les défis de Bruxelles ne sont vraiment pas rencontrés par la politique menée aujourd’hui par la communauté. Par exemple, elle ne tient pas suffisamment compte du fait que le nombre d’enfants dont la langue maternelle n’est ni le français ni le néerlandais augmente. Elle ne tient pas plus compte du fait que les exigences de bilinguisme sont plus importantes à Bruxelles qu’en Wallonie ou que l’enseignement technique et professionnel a besoin d’une stratégie d’avenir pour devenir porteur d’avenir pour les jeunes. Il faut faire en sorte que l’école ne soit plus reproductrice d’une forme de déterminisme social. »

La Communauté a pourtant mis au point des synergies positives avec la Région wallonne autour des centres de compétences. Pourquoi ce n’est pas faisable avec la Région bruxelloise et la COCOF ?

« La COCOF essaye de jouer un rôle mais on retombe très vite sur le problème de son financement. Elle n’a pas la même autonomie budgétaire pour jouer son rôle. Si on veut réussir une série de défis comme celui du bilinguisme, une collaboration avec la Communauté flamande doit être repensé. Idem pour la question de l’enseignement professionnel. »

Propos recueillis par Francesco Randisi

« LA CARTE HYPERMOBILE DOIT DEVENIR UNE VRAIE ALTERNATIVE À LA VOITURE DE SOCIÉTÉ »

Aujourd’hui au salon de l’auto, vous présenterez le projet hypermobile. C’est un projet que vous portez depuis des années. Où en êtes-vous ?

« Pour rappel, c’est l’idée de créer un titre de transports unique pour toute la Belgique. Ce serait enfin bien ! Techniquement, c’est possible. La carte hypermobile peut fonctionner de deux manières différentes : sous la forme d’une carte à puce ou par mobilophonie avec des bornes GSM. Cette dernière solution existe déjà dans d’autres pays et fonctionne pour quantité d’autres services. Les sociétés de transports belges se sont montrées favorables à ce système. Pour amorcer correctement cette carte hypermobile, il faut qu’elle soit une alternative totale à la voiture de société. Il faut que les gens puissent faire ce choix. Pour que des opérateurs se lancent réellement dans ce projet, il faut leur garantir une déductibilité fiscale équivalente à celle de la voiture. Mais pour avoir le même type d’autonomie, cette carte doit fonctionner avec tous les autres modes de déplacements : train, tram, bus, métro, vélo, voiture partagée et taxi. Cette problématique concerne tous les Belges. C’est pour cette raison qu’on attend un geste de la part du fédéral pour faciliter le leasing de mode de transport multiple. »

Vous lancez un appel au ministre des Finances ?

« C’est lui qui peut autoriser une déductibilité fiscale qui permettrait aux sociétés d’offrir cette possibilité en alternative aux voitures de société. A l’heure où tout le monde parle de climat, on ne peut pas refuser dans ce genre de logique-là.

L’idée se trouvait aussi dans les programmes d’autres partis, c’est bon signe ?

« Didier Reynders a repris l’idée, le cdH l’a mise dans son programme, etc. J’espère que le fédéral le reprendra à son tour. Au-delà de la logique écologique, cette solution est plus rapide pour les déplacements, en zone urbaine en tout cas. »

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