Article paru dans Le Soir de ce vendredi 15 octobre 2010, signé François Robert

Le droit au logement est malmené à Bruxelles. Le secrétaire d’Etat Christos Doulkeridis veut multiplier les logements alternatifs pour loger les personnes fragilisées. Il a créé un groupe de travail chargé de coordonner et d’encourager ces initiatives.

Le droit au logement est bien malmené par le boom démographique. Ce sont les populations fragilisées socialement (femmes seules avec enfants, primo-arrivants) et physiquement (les handicapés et les personnes âgées) qui en sont les premières victimes. Une solution : accroître le parc de logements qui leur est destiné. Pour le secrétaire d’État Christos Doulkeridis (Ecolo), il ne faut pas nécessairement de nouvelles briques. Il y a d’autres moyens.

Vous parlez de formes de logement innovantes ?

Il y a des expériences pour les publics fragilisés : logement de transit, logement kangourou… L’accord de majorité prévoit de rechercher toutes les formes de logement innovantes. L’idée est de mettre ensemble toutes les compétences pour mieux travailler. En matière de pauvreté, nous menons un plan commun toutes institutions confondues (Région, Cocof, Cocon, Cocom). Nous allons faire la même chose pour le logement. J’ai mis en place hier un groupe de travail du droit au Logement.

Soyons concrets. Quelles initiatives comptez-vous prendre ?

Je vais financer, avec le Fonds du Logement, certains projets. Dont une opération d’habitats groupés (25-30 logements) pour personnes proches du troisième âge et une structure d’habitats communautaires pour adultes fortement handicapés. Ces projets impliquent la collaboration de mes partenaires au gouvernement : Evelyne Huytebroeck (le handicap) et Emir Kir (personnes âgées).

D’autres initiatives ?

Il faut aider les formules d’habitats alternatifs et collectifs qui existent déjà et les développer. Je me pose en facilitateur. Regardez cette carte (voir infographie). En rouge, Molenbeek et Saint-Josse surtout, ce sont les logements sur-occupés. Et bleu foncé (Uccle), les logements sous-occupés. Il faut soulager les communes « rouges » et de renforcer l’habitat là où il est sous-utilisé.

Une sorte de co-location pour personnes âgées ?

Il y a des tas de formules. 57 % des seniors sont propriétaires. À partir d’un certain âge, ils ne peuvent plus gérer seuls leur habitation. La maison de repos, coûteuse. Pourquoi pas un habitat intergénérationnel ? On mutualise les services et les coûts. On peut agir aussi à travers les agences immobilières sociales.

Mais il y a un problème fiscal !

C’est vrai. La cohabitation est fiscalement pénalisée. Il faut adapter la législation. Le ministre Courard (Intégration, fédéral) a proposé de labelliser l’habitat solidaire pour garantir aux occupants des taux isolés. Mais pour l’instant, tout est bloqué, faute de gouvernement.