Je suis régulièrement interpellé sur le surcoût lié au logement passif dans le parc de logements publics. Une idée encore tenace sur laquelle il faut travailler! Pour rappel, la majorité gouvernementale a souhaité, dans son accord de juillet 2009, revoir certaines modalités de réalisation du Plan Régional du Logement version 2004, qui n’intégrait pas suffisamment la dimension environnementale, en prévoyant l’exemplarité des pouvoirs publics en la matière.

Dans ce domaine, on ne part pas d’un terrain vierge : différentes expériences de logements sociaux passifs ont été initiées et sont en cours de réalisation, indépendamment du Plan Régional du Logement, à l’initiative de la Ville de Bruxelles, du CPAS de la Ville de Bruxelles, du Foyer Bruxellois, de la Commune de Molenbeek …

L’introduction de ce nouvel objectif dans le Plan Régional du Logement ne change évidemment rien quant à l’objectif initialement fixé de 5.000 logements, qui est d’ailleurs un objectif qui s’inscrit aujourd’hui dans celui, plus large, de 15% de logements publics à finalité sociale.

L’enjeu, c’est de faire face, par tous les moyens, au choc démographique, et de le faire en produisant du logement de qualité, répondant aussi aux enjeux environnementaux, en particulier Kyoto, et à la situation sociale des locataires du logement social, qui sont trop souvent en difficulté pour payer leurs charges.

Les 5.000 logements ne sont aucunement remis en cause, bien au contraire. L’Accord de Gouvernement est clair à ce sujet, il faudra même aller au-delà des 5.000.

Concernant, très concrètement, ce fameux surcoût du passif, il faut savoir qu’il est évalué à environ 10% maximum. Tout en sachant que le prix de construction connaîtra inévitablement un tassement. En effet, les professionnels de la construction observent que l’importance des travaux de construction menés sous standard passif en Flandre a impliqué une décroissance très significative des surcoûts ; parfois jusqu’à les réduire à zéro.

En outre, les réalisations passives les plus récentes menées à Bruxelles ont montré que ce surcoût n’atteignait plus que 1% !

On voit déjà que le surcoût du passif est en train de se tasser au fur et à mesure des effets d’apprentissage dans le secteur de la construction. Le marché de la construction réagit très positivement. Plus le passif devient « standard », plus les prix se normalisent : c’est tout l’enjeu d’une attitude volontariste et exemplaire des pouvoirs publics.

L’hypothèse vient d’être confirmée dans le cadre du premier marché public lancé par la SLRB sur base du nouveau cahier des charges « passif ». Il s’agit du projet « Huileries » à FOREST. Sur les 6 offres reçues, 3 présentaient des prix au m² très nettement en-dessous du prix de référence.

Enfin, j’en viens à notre motivation principale. Le passage au passif n’a pas seulement un effet environnemental, même si c’est important : sur les logements qui restent à construire, il permet une économie de plus de 550.000 tonnes de CO². C’est avant tout une mesure sociale! Il importe aujourd’hui de maitriser le coût final du logement social : le loyer + les charges. Dans certains immeubles de logements sociaux, les locataires paient parfois autant de charges de chauffage que de loyer !

En Europe, 20% de ménages ayant le revenu le plus faible en consacrent 37% au logement. Sans investissement dans leurs logements, les revenus les moins élevés dépenseront toujours plus pour se loger et se chauffer et la part des charges dans le coût « logement » ne cessera d’augmenter. Le passage au passif limite drastiquement les charges énergétiques – de 90% – et soulagera donc d’autant le portefeuille des locataires.

Je suis enfin convaincu que la diminution des charges est également bonne pour l’équilibre financier des sociétés de logement: quand un ménage doit payer 200 euros de loyer et la même chose de chauffage, et il doit choisir en fin de mois, il se chauffe d’abord !