Ayant appris par voie de presse la décision du Bourgmestre de Saint-Josse-ten-Noode, Emir Kir, d’émettre, en vertu de ses prérogatives, un arrêté d’expulsion des occupants du couvent du Gesù dans les 24 heures, je tiens à rappeler ma disponibilité pour contribuer à une solution coordonnée à la situation.
Vendredi dernier, j’avais avancé une série de propositions, pour lesquelles plusieurs contacts concrets ont déjà été pris entretemps avec les acteurs concernés. C’est sur base de ces propositions que le propriétaire des lieux avaient décidé de reporter l’expulsion.

L’urgence qui s’impose depuis hier soir en matière de relogement complique la mise en place d’une solution coordonnée acceptable et digne pour toutes les parties, en particulier les familles concernées. Personne n’ignore en effet qu’une solution miracle n’existe ni sur le territoire de la commune, ni sur celui de la Région. Je suis également conscient du fait que la commune de Saint-Josse ne peut à elle seule apporter toutes les solutions, dans ce problème complexe et d’ampleur. Comme je l’ai rappelé fréquemment la solution ne peut venir que d’une réponse coordonnée des différents acteurs publics disposant chacun d’une part de la solution, via la mise à disposition de quelques logements ou de lieux d’hébergement temporaires. Que ce soit le fédéral (en charge de l’intégration sociale), la Région et les différentes communes bruxelloises, plusieurs acteurs peuvent intervenir concrètement pour que la fin de cette occupation ne mène pas des ménages avec enfants à la rue à la veille de l’hiver. A cet égard, j’avais invité le bourgmestre de Saint-Josse à solliciter la solidarité de ses dix-huit collègues, en saisissant la Conférence des Bourgmestres de la Région de Bruxelles-Capitale.

Pour rappel, j’avais proposé vendredi dernier les trois solutions suivantes :

  • mandater une association, l’asbl « La Strada », qui a proposé l’engagement d’une personne, pour une durée déterminée, chargée de la coordination et de la mise en œuvre du plan de relogement collectivement établi ;
  • poursuivre la recherche de solutions de relogement concrètes, au moins temporaires, pour une partie des ménages auprès de tous les acteurs. A cet effet, j’ai sollicité le secteur du logement social afin de trouver des solutions, en urgence, dans des logements sociaux inoccupés et en attente de travaux de rénovation. Si je soutiens le principe des occupations précaires comme solution pragmatique face à un problème de logement, elles doivent bien sûr répondre à des conditions précises auxquelles j’attache une importance capitale : une occupation précaire doit être négociée, se faire dans des conditions de sécurité et de salubrité suffisantes et bénéficier d’un encadrement social adéquat ;
  • la poursuite d’une occupation précaire dans le bâtiment, tant que sa destination future n’est pas définie, pour un groupe limité de personnes, après travaux de sécurisation et la visite des pompiers, et à condition d’y établir des règles et un encadrement social adéquat.

Ces propositions visaient à résoudre les difficultés liées à l’occupation actuelle et à éviter que de nombreuses familles hébergées dans ce lieu ne se retrouvent à la rue à quelques semaines du début de l’hiver.

Ce vendredi, j’ai pris une nouvelle initiative en proposant à nouveau la tenue d’une réunion urgente avec la Commune de Saint-Josse. A l’heure actuelle, le Cabinet du Bourgmestre réserve toujours sa réponse.

Concernant les problèmes de sécurité et de salubrité ayant emporté la décision du Bourgmestre d’ordonner l’expulsion rapide du bâtiment, il ne m’appartient pas de commenter pas cette décision, qui relève de la responsabilité et des missions de chaque Bourgmestre sur base des informations spécifiques dont il dispose. Si des faits de drogue et de prostitution sont avérés, il est évident qu’il s’agit de faits inacceptables, nécessitant la réaction du Bourgmestre et de sa police. J’en appelle cependant à éviter à tout prix les amalgames, qui stigmatiseraient l’ensemble des ménages occupant le Gesù. La plupart d’entre eux sont victimes d’une situation de grande précarité, dont ils ne demandent qu’à s’extraire en trouvant une stabilité et une sécurité suffisantes, pour eux et leurs enfants. En témoigne notamment le fait qu’en dépit de la situation difficile régnant au Gésù, de nombreux enfants y habitant poursuivent une scolarité la plus normale possible dans plusieurs écoles bruxelloises.

Comme je l’ai toujours fait dans ce dossier, je contribuerai, dans la mesure de mes possibilités, à l’apport de solutions de relogement et d’accompagnement des ménages, dans l’intérêt des familles qui sont aujourd’hui désemparées et qui ne peuvent se retrouver à la rue dans le courant des prochains jours.