DSC_0104bA plusieurs reprises ces derniers mois, Charles Michel, a plaidé pour la mise en place de majorités symétriques au gouvernement fédéral et dans les gouvernements régionaux. « Sinon, on sera de nouveau dans une situation de crise », ajoutait-il récemment dans la presse, sans pour autant que l’on sache quelle crise fut jusqu’ici provoquée par l’asymétrie. Ce dimanche, au cours du débat wallon des présidents de partis organisé à Namur, il a remis cette idée sur le tapis.

Dans la tête de Charles Michel, des majorités symétriques, cela signifie une majorité fédérale composée comme le miroir des majorités instituées dans les entités francophones et flamandes. Autrement dit, des majorités linguistiques au Gouvernement fédéral calquées sur la majorité dans les régions.

Dans les faits, qu’est-ce que cela signifie pour Bruxelles, Région à part entière et … bilingue ?

Si l’on suit le raisonnement de M. Michel, une seule solution pour assurer la symétrie à tous les niveaux : un gouvernement bruxellois qui, comme le gouvernement fédéral, soit le reflet des majorités flamande et wallonne. « Sinon, on sera de nouveau dans une situation de crise »…

Dans un Etat composé notamment de régions « à part entière », un président de parti décide donc qu’il faut à Bruxelles et en Wallonie des majorités francophones identiques, avant que les électeurs se soient exprimés. De même côté flamand. Et ce malgré qu’on ait souhaité trois régions et donc trois démocraties régionales. Malgré donc que, dans chacune des régions, des tendances et choix spécifiques puissent bien évidemment s’exprimer (prenons, au hasard, la présence particulière du FDF à Bruxelles, ou celle de la N-VA en Flandre).

Avec le modèle rêvé de Charles Michel, tenant compte du poids relatif des Bruxellois et des Wallons et des rapports de force internes aux partis, l’acquis bruxellois d’une région à part entière – enfin ! – risque d’être gravement mis à mal. Quel est le risque ? Sur base de la symétrie qu’il souhaite imposer, le risque est élevé, au lendemain des élections, de voir la majorité bruxelloise se décider ailleurs qu’à Bruxelles, sur base des préférences wallonnes et flamandes. Chacune des régions est autonome et la volonté des Bruxellois devra être prise en compte, n’en déplaise à Charles Michel.

Ce projet, Monsieur Michel, c’est le projet de la N-VA : le retour larvé à la cogestion de Bruxelles et du fédéral par la Flandre et la Wallonie et le déni du fait bruxellois, des électeurs bruxellois et d’une Région bruxelloise à part entière, traitant sur pied d’égalité avec les deux autres. Ce projet, les écologistes n’en veulent pas et je m’y opposerai avec toute mon énergie ! Les Bruxellois ne paieront pas de leur autonomie l’envie du MR de gouverner partout !

Au MR, il est urgent que les Bruxellois se fassent entendre au lieu de se battre entre eux… »