DSC_0046J’ai rencontré à Watermael-Boitsfort, dans leurs bureaux, l’équipe du Logis, coopérative des locataires de logements sociaux et découvert le terrain du chant des cailles, leur projet collectif d’agriculture urbaine.

Au Logis, j’ai eu l’occasion de discuter avec une équipe soudée, récemment renouvelée grâce aux prédécesseurs qui ont été visionnaires sur les personnes à engager pour redynamiser le travail de la coopérative. Non seulement la gestion du parc immobilier social est excellente mais en plus un terrain d’entente a pu être trouvé avec le collectif du chant des cailles et leurs projets.
J’en suis doublement heureux parce que je fais face, dans mes compétences logement, à une double pression : démographique et sociale. Où loger les milliers de ménages à faibles revenus en attente d’un logement social ou à loyer modéré ? Pour répondre à cette demande, j’ai dû mener une politique de changement, de réforme profonde, qui peut parfois bousculer : changer beaucoup de méthodes de travail, renforcer le plan de construction et anticiper de nouvelles constructions, identifier les logements inoccupés et prendre des dispositions pour rationaliser les frais administratifs, à savoir fusionner les sociétés de logement social. Sans oublier de veiller à maintenir et développer une bonne cohésion sociale dans les quartiers.
Tous ces changements menés depuis 5 ans ont, in fine, porté leurs fruits puisque la gestion du patrimoine public s’est nettement améliorée. Mais ils n’auraient pas été possibles sans la concertation avec l’ensemble des personnes concernées pour expliquer, écouter, entendre et intégrer les avis, en ce compris des habitants, des gestionnaires et de l’administration.
A cet égard, la fusion du Logis avec Floréal à Watermael-Boitsfort, me donne beaucoup d’espoir.

Nous clôturons cette discussion pour nous mettre en route vers le projet du chant des cailles. Le directeur du Logis nous explique son enthousiasme pour ce projet qui, nous dit-il, les nourrit d’une nouvelle énergie créative, bouscule encore leurs habitudes, dans le bon sens du terme, ouvre la voies de leurs réflexions vers un avenir à construire ensemble.

Au chant des cailles, j’ai rencontré des locataires passionnants et passionnés, des citoyens qui en 2012 se sont regroupés pour proposer au Logis d’occuper le terrain et d’en faire un espace de production agricole et de cohésion sociale. Ils y ont trouvé bon accueil et aujourd’hui, à peine deux ans plus tard, cet espace divisé en trois pôles :

• Le potager collectif est soutenu par le Début des Haricots dans le cadre de sa mission d’accompagnement des jardins collectifs à Bruxelles, financé par Bruxelles Environnement. Il se divise en une soixantaine de parcelles individuelles plus une parcelle commune où les habitants du quartier y font pousser des haricots, des salades, des carottes, des herbes aromatiques, etc, le tout via des méthodes de production respectueuse de l’environnement. Quelques petites parcelles sont également réservées à des écoles du quartier, désireuses de sensibiliser leurs élèves à la production agricole.

• Le pôle maraîchage est un collectif de 5 à 6 maraîchers; il inclut un pôle plantes médicinales. Il s’agit d’un projet de production de légumes sous le modèle FORTIER, à savoir de petites surfaces extrêmement diversifiées. Grâce à un contrat annuel passé avec les consommateurs, les producteurs gèrent la production et les consommateurs s’occupent de la récolte. Plus de 60 familles de consommateurs y prennent part.

• Le pôle élevage est un projet d’élevage de brebis pour production de lait, fromage et dérivés (riccota, yaourt,…). La commercialisation se fait sous forme de GASAP (environ 60 à 80 familles de consommateurs) et de vente directe une fois par semaine. L’élevage comprend actuellement 18 brebis adultes et 21 agneaux.

Quel bonheur de rencontrer des citoyens et citoyennes qui portent des projets différents mais convergents, avec beaucoup de respect et de simplicité.
Quel beau dynamisme autour de ce projet conjoint et quelle belle collaboration entre le logis et le collectif ! J’ai le sentiment, l’intuition forte, que le chant des cailles, donne du sens au logement social en terme de cohésion. Il apporte une plus-value et en même temps rassure : des initiatives citoyennes ont du sens et trouvent leur place au sein des initiatives publiques que nous menons dans notre Région bruxelloise.

En ce qui concerne l’avenir, le plan logement, dans le cadre de l’Alliance Habitat, prévoit à moyen terme la construction de logements dont des logements sociaux sur le terrain du chant des cailles. Ce projet est indispensable pour faire baisser la pression sur la demande de logement et tant le Logis que le collectif en sont conscients. Ils ont d’ailleurs commencer à se concerter sur le projet qui y sera construit, afin que celui-ci soit équilibré entre logement social, logement moyen et espaces de production agricole pour que chacun puisse continuer à y trouver son compte et sa place. Je suis fermement convaincu que le logement et la production agricole, même à Bruxelles, sont conciliables.

Lorsque je rencontre des Bruxelloises et des Bruxellois qui portent, avec tant de cœur et de compréhension mutuelle, des projets urbains qui s’intègrent aux projets publics, je suis confiant pour l’avenir de notre Région et je me sens de devoir les soutenir, continuer à les encourager et les montrer en exemple, en faisant en sorte que chacun continue à garder sa place et puisse développer des projets concrets et durables, porteurs de sens pour le plus grand nombre.