Capture d’écran 2015-06-08 à 19.05.35Voici le texte de base de l’interpellation que j’adresserai à la Ministre de la culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles ce jeudi 11 juin. Il concerne l’avenir budgétaire de tous ces secteurs culturels mais aussi le processus « bougez les lignes » lancé par la Ministre.

Madame la Ministre,

C’est aujourd’hui l’ensemble des acteurs du droit à la culture, des secteurs qui œuvrent à la démocratie culturelle et à l’éducation permanente qui réagissent face à la grande incertitude qui est la leur. Non seulement d’un point de vue budgétaire, mais également d’un point de vue de gestion politique des dossiers.

Depuis le début de la législature, mon groupe relaie les craintes des secteurs au sein de ce Parlement. Le 12 mai dernier, nous abordions l’enjeu des modifications décrétales visant à restreindre les budgets des secteurs des centres culturels, des centres d’expression et de créativité et des bibliothèques. Le 19 mars dernier, je vous interrogeais, au sein de cette commission, sur la situation des centres d’expression et de créativité qui ne recevaient aucune réponse de votre part quant aux demandes de reconnaissances déposées. Et en décembre dernier, ma collègue Hélène Ryckmans vous faisait part de la situation difficile des associations de l’éducation permanente. A vous entendre, le 12 mai dernier, « vous souhaitez préserver l’ensemble du secteur » et par conséquent « nous nous en sortons bien » !

Pour chacun de ces secteurs, le son de cloche est le même : les rumeurs quant à leur avenir sont très alarmantes, les dossiers sont « bloqués au cabinet » même dans le cas de reconnaissance « automatique » (à savoir, liée à une évaluation positive et sans demande d’augmentation budgétaire), alors que le travail a été correctement mené par les équipes et les conseils d’avis. Les secteurs n’obtiennent aucune réponse et la concertation est totalement lacunaire.

Aujourd’hui, ces associations lancent un cri d’alerte commun. Dans un courrier adressé à l’ensemble des groupes, les associations professionnelles des bibliothécaires et des documentalistes, l’association des Centres culturels de la Communauté française, le réseau des professionnels en centres culturels, l’association des programmateurs professionnels en Communauté française, la Fédération des employeurs des secteurs de l’Éducation permanente et de la Formation des adultes, la Fédération Interdiocésaine des Bibliothèques et des Bibliothécaires catholiques, la Fédération pluraliste des Centres d’expression et de créativité et Musées et société en Wallonie signent un courrier commun et demandent à être entendu au sein de cette commission.

Dans ce courrier, ces organisations mettent en avant de gros problèmes de gestion politique de votre part et de votre cabinet. Ils font part « d’un important déficit de concertation avec le cabinet référent ». Ils souffrent « du manque de communication claire de la Ministre leur permettant d’envisager les prochaines années ». Ils souhaitent « mettre en lumière les manquements » qu’ils constatent, à savoir « les difficultés liées à l’application hasardeuse des lois et la question du déficit démocratique actuellement ressenti ». 

Madame la Ministre. Il nous apparaît que la situation est excessivement sérieuse. Pendant que vous organisez votre processus de concertation « Bougez les lignes » c’est tout le secteur de la démocratie culturelle qui pâtit d’un manque de concertation et d’une mauvaise gestion de votre part.

La culture est un facteur d’émancipation, d’éducation, de cohésion sociale. Le fait de participer à la vie culturelle et d’exercer son droit à la culture est même un droit fondamental, et reconnu comme tel par la Déclaration Universelle des droits de l’homme en son article 27. Or, c’est justement toutes ces structures qui œuvrent au droit à la culture pour tous, et qui permettent à des publics qui généralement en sont exclus d’avoir accès à la culture que vous malmenez.

Madame la Ministre,

  • Pouvez-vous faire la lumière sur la concertation ayant lieu avec l’ensemble de ces secteurs ?
  • Pouvez-vous nous expliquer pourquoi les dossiers de reconnaissance restent bloqués depuis des mois, alors même que ceux-ci sont correctement réalisés et que, dans nombre de cas, ils concernent des acteurs déjà reconnus et positivement évalués par les instances ?
  • Que répondez vous au secteur concernant l’application hasardeuse des décrets et l’absence de concertation ?
  • Qu’en est-il, réellement, de l’évolution du processus « Bougez les lignes » ?