Edito réalisé par David Coppi (journaliste « Le Soir ») en réaction au climat institutionnel de l’époque. Au cours d’une émission radio sur la Première, j’ai proposé que les Présidents des partis démocratiques francophones et néerlandophones se parlent pour sortir de la crise institutionnelle.

Communautaire : et si les présidents de parti prenaient l’initiative ?

L’année 2004 s’achève dans un mauvais climat sur l’essentiel – le social, l’emploi, l’économie -, mais l’on peut craindre malheureusement que 2005 s’ouvrira sur l’accessoire : le communautaire, où le pire est toujours à craindre. Le dossier « BHV » est attendu. En janvier, la controverse autour de la scission de l’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde résonnera au Parlement, modérément d’abord en commission, sérieusement ensuite en séance plénière, dès la fin du mois probablement, lorsque battra son plein à la Chambre le débat sur les propositions de loi flamandes (scission de l’arrondissement) et francophones (retour aux vieux arrondissements).

La Belgique étant malade – les médecins, cette fois, sont tous d’accord -, chaque poussée de fièvre communautaire supplémentaire aggrave le cas, et il y a de plus en plus de mauvais génies dans la salle pour dire que, décidément, tout ça finira par mal finir. Or, la prévention des crises n’étant pas forcément la science dans laquelle excelle le plus Guy Verhofstadt, une idée (neuve) circule à ce propos : et si les présidents de parti entraient dans la danse ?. . . Invité vendredi matin de la RTBF radio, Christos Doulkeridis (Ecolo) a réclamé l’intervention de « sages » pour calmer le jeu. Précisant sa pensée, le président du parlement francophone de Bruxelles a suggéré que les présidents des partis du sud et du nord du pays se parlent, exceptionnellement. La voilà, l’idée neuve, et néanmoins dans l’air.

Car les propos de Christos Doulkeridis tombent à pic après ceux d’un certain Elio Di Rupo. Le président du PS, en effet, a distillé ces dernières semaines (« Le Soir » du 2 décembre) le raisonnement suivant, cela à plusieurs reprises : dans le contexte belgo-belge névrotique actuel, seuls les présidents de parti, assène-t-il, veillent sur l’intérêt général, ont une vision globale des rapports nord – sud, se situent « au-dessus » de la mêlée et ne sont pas mus d’emblée par les forces centrifuges qui, dans un Etat fédéral (préconfédéral), conditionnent « naturellement » l’action des gouvernements aux différents niveaux de pouvoir, régional, communautaire. S’exprimant de la sorte en marge d’une conférence de presse, ou encore au fil d’une interview, le président du PS n’a, certes, jamais dépassé le stade de l’analyse, du constat. Jamais il n’a laissé entendre qu’il s’apprêtait à en tirer les conséquences, et à prendre une initiative politique, exactement du type de celle évoquée vendredi par Christos Doulkeridis. Mais l’on pressent que si le contentieux communautaire devait s’aggraver, cette idée d’une grande parade présidentielle pourrait alors voir le jour.