Vous trouverez ci-dessous une interview que j’ai accordée à Christian Laporte, journaliste à La Libre Belgique. Le Parlement francophone bruxellois que je préside organise chaque année un programme citoyen consistant, notamment, à travers la visite de lieux de mémoire (Musée Juif de Malines, Fort de Breendonk, Nécropole militaire de Chastres).
En raison de la situation au Proche-orient et au vu des derniers éléments d’actualité, ces démarches citoyennes prennent une dimension supplémentaire. Les récents incidents à Bruxelles et à Charleroi ainsi que la manifestation devant l’ambassade d’Iran prouvent qu’il existe un réel danger d’exportation et de communautarisation du conflit en Belgique et dans le monde. C’est pourquoi, l’ensemble des forces démocratiques doivent se mobiliser ensemble activement en faveur de la paix et dénoncer également les amalgames qui font le jeu de la violence et de l’incompréhension mutuelle, que ce soit ici ou ailleurs. Dans ce cadre, l’école a un rôle important à jouer pour réussir le défi de l’interculturalité. Qu’ils soient juifs, musulmans, catholiques, laïques… nos jeunes seront amenés à grandir dans la même ville et à partager un destin commun.

La citoyenneté dans le respect mutuel (La Libre Belgique)

- Les Journées citoyennes du Parlement francophone débutent ce vendredi.

- Christos Doulkeridis insiste plus que jamais sur les mises en perspective actuelles.

En reprenant les actions citoyennes du Parlement francophone bruxellois lors de son accession à la présidence du Parlement francophone bruxellois, Christos Doulkeridis (Ecolo) n’a pas voulu changer une formule qui marchait bien – une prise de conscience du devoir de mémoire… – mais il a eu la bonne idée de compléter les approches basées sur des visites et des témoignages par des mises en perspective axées davantage sur des réalités politiques et sociales très proches des jeunes d’aujourd’hui.
“Il nous a paru important d’aller plus loin en tenant compte par exemple de l’importante présence de jeunes issus de l’immigration africaine ou maghrébine à Bruxelles. C’est pourquoi nous avons ajouté une visite au cimetière militaire français de Chastre où reposent des tirailleurs africains à celles du fort de Breendonk, le seul camp de concentration nazi en Belgique et du musée de la résistance et de la déportation de Malines.
Il est évidemment important de rappeler que des personnes de toutes origines et de toutes religions se sont battues contre la barbarie nazie.
Dans un même ordre d’idées, la sortie de “La Couleur du sacrifice” et d’ “Indigènes”, qui invitaient à rendre ce qui leur revenait aux Africains, les grands oubliés de la Seconde Guerre mondiale, fut aussi l’occasion de débats intéressants et passionnés.”

Pour Christos Doulkeridis, “les jeunes arrivent de la sorte à dépasser certaines frustrations, certaines injustices et même à manifester une certaine empathie. En fait, la question du respect est essentielle dans les débats sur la citoyenneté. Par ce respect, on a pu arriver à une responsabilisation commune face,notamment, au racisme.”
Avec parfois des résultats encore plus surprenants : lors d’un festival de courts-métrages du MRAX, des jeunes filles voilées se sont levées spontanément pour applaudir des victimes juives.
“En fait, poursuit Christos Doulkeridis, cette identification à d’autres génocides permet de mieux partager un destin, une histoire.”

Vive le métissage scolaire !

Un autre point positif des actions citoyennes et une clé de son succès résident pour le président du Parlement francophone bruxellois dans le réel métissage scolaire. Pas question d’inviter séparément des écoles bien typées de chaque réseau d’enseignement ; place au contraire à un métissage bien compris !
“Cela donne bien plus de fruits qu’on pourrait l’imaginer, poursuit Christos Doulkeridis.Que ce soit lors du train des mille qui s’était rendu à Buchenwald ou lors de certaines activités ici à Bruxelles, on a eu la bonne idée de prendre dans la délégation des élèves à la fois d’écoles à la pointe du travail de la mémoire comme des établissements moins favorisés de ce point de vue. Et aussi bien des écoles de l’enseignement général que de l’enseignement technique.
Avec mon alter-ego néerlandophone Jean-Luc Vanraes, nous avons également élargi cela à la spécificité de nos communautés. Je puis vous assurer que cela a porté de bons fruits.
En cette fin de législature, j’émets sincèrement le voeu que ce travail structurel ne se perdra pas demain…” Christian Laporte