kot_a_louerLors de la dernière commission logement du Parlement Régional bruxellois, j’ai refait le point sur la question du logement étudiant suite à une interpellation parlementaire.

Depuis 2012, j’ai réuni au sein d’une table-ronde tous les établissements d’enseignement supérieur situés dans la Région de Bruxelles-Capitale, Br(ik – Alles voor Stadstudenten, les associations d’étudiants, la Communauté française et la Communauté flamande, ainsi que les administrations concernées de la Région de Bruxelles-Capitale.

Cette table-ronde, qui s’est réunie maintenant à trois reprises, a permis de confirmer ce que le Colloque de l’Université Libre de Bruxelles, les associations d’étudiants dans le New Deal 2.0 et l’organisation urbaine « Br(ik » avaient évoqué : le déficit de chambres d’étudiants handicape la croissance saine et le bon développement des institutions de l’enseignement supérieur en Région bruxelloise.

L’intérêt de la Région en la matière est important:

  • Avec ses 23 établissements d’enseignement supérieur, une communauté de plus de 93 000 étudiants et une large communauté académique d’environ 110 000 personnes, l’enseignement supérieur a un impact économique manifeste à Bruxelles ;
  • au-delà de l’impact économique direct, la réalité socio-culturelle s’impose : la présence, à Bruxelles, d’une grande communauté intellectuelle et prometteuse de jeunes est un moteur important de la vie urbaine. De ce fait, la problématique des kots constitue pour la Région un  enjeu tangible. En effet, tous les étudiants peuvent être considérés comme des « urban potentials », étant donné que chaque individu qui étudie et vit à Bruxelles découvre également la ville. Pour ces individus, la période passée dans la cadre de leurs études dans la Région constitue donc un facteur clé dans leur choix éventuel de vivre et travailler à Bruxelles;
  • enfin, la présence d’étudiants à Bruxelles constitue un atout important pour l’image de Bruxelles au niveau régional, national et international. En effet, les institutions de l’enseignement supérieur sont le moteur d’une « région de la connaissance » dynamique.

Quels sont les constats?

  • Le marché du logement étudiant n’est pas un marché fermé, où seuls des étudiants répondent à l’offre.
  • L’offre des propriétaires privés (qui possèdent la plus grande part, soit environ 75 %) est peu connue et difficilement mesurable.
  • L’étude « Le marché du logement d’étudiants à Bruxelles » montre qu’à Bruxelles, avec le pic du nombre d’étudiants en 2010, un retard historique a été pris dans l’offre de chambres.
  • La demande de logements d’étudiants restera également d’actualité dans les prochaines années.
  • Les chiffres concordent et montrent  que le nombre d’étudiants va augmenter fortement et qu’on passera de 75 000 à 100 000 étudiants entre 2000 et 2020.
  • La pénurie de chambres est estimée à 7 000 unités.

C’est pourquoi, au cours des prochaines années, il est crucial d’augmenter le nombre de logements pour étudiants.

Après, entre autres, les appels de l’organisation Br(ik – Alles voor Stadstudenten, le New Deal 2.0 des associations d’étudiants et le colloque de l’ULB, j’ai donc initié une concertation entre toutes les parties impliquées pour parvenir à une action commune permettant de résoudre cet urgent problème.

L’objet de cette concertation était de susciter des réponses permettant d’augmenter l’offre à l’horizon 2013-2018 mais également, de manière plus structurelle, d’envisager un processus de coopération, permettant de porter une attention permanente au logement étudiant, de telle sorte que le marché du logement pour les étudiants à Bruxelles soit davantage en équilibre dans les prochaines années, et que la qualité et le prix des logements soient mieux garantis.

Du côté néerlandophone, une telle coopération existe déjà dans le cadre de l’organisation Br(ik – Alles voor Stadstudenten, afin de parvenir à la réalisation de logements d’étudiants plus abordables et de qualité.

Il ressort des travaux de la table-ronde qu’une volonté importante existe d’instituer cette collaboration entre les deux communautés linguistiques et les établissements.

Les différents partenaires autours de la table concordent sur le fait qu’il serait nécessaire de créer une agence de logement pour étudiants, réunissant les différents établissements d’enseignement supérieur néerlandophones et francophones.

Non pas une Agence Immobilière sociale donc, mais une structure avec une portée plus large, à l’exemple de Br(ik.

Au cours des tables-rondes, différents scenarii ont été examinés, allant d’une structure qui se limite à l’octroi de labels jusqu’à une structure qui est en mesure de développer et de gérer son propre parc de logement.

Si la piste d’une telle structure est confirmée, il serait utile d’envisager un protocole de coopération bicommunautaire permettant de générer une meilleure coopération entre les Communautés concernées et la Région, les universités et les hautes écoles, les organisations d’étudiants et l’association Br(ik.

Le facilitateur Logement étudiant du Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale a établi une note de synthèse des travaux de la table-ronde, reprenant les constats partagés et la proposition telle que je viens de vous l’exposer ; elle a été remise il y a quelques jours à ses membres. Nous attendons leur retour pour le mois de juin.

En conclusion, la question du logement étudiant est en réalité à la croisée des compétences. Nous avons tous un intérêt et un rôle à jouer, mais il est important que toutes les parties concernées participent et prennent chacune leurs responsabilités à leur niveau.

Nonobstant le fait que l’enseignement est une matière communautaire – et que le logement étudiant s’inscrit dans le rôle décrétal de chaque institution en matière de politique sociale –, la Région de Bruxelles-Capitale a souhaité donner suite aux différents appels à action émanant du secteur.

La Région de Bruxelles-Capitale peut utilement revêtir un rôle de régie.

La Région peut également stimuler et faciliter le processus, entre autres en levant les obstacles et en mettant en œuvre une politique harmonieuse en matière de logement, mais à un moment donné les communautés doivent prendre leurs responsabilités.