20140225_VDT_table_ronde_étudiants_handicap 064Vous vous en souvenez peut-être, je rencontrais il y a quelques semaines l’asbl 3ème oeil, service d’accompagnement des personnes visuellement déficientes. J’avais bien entendu été fort touché par les problématiques qu’ils traitaient, impressionné aussi par la qualité de leur démarche globale et leur expertise, et convaincu plus que jamais de l’importance de ce type de travail auprès des citoyens qui, à quelque chose près, sont comme vous et moi… https://www.doulkeridis.be/blog/?s=oeil

Fort de cette rencontre, j’ai organisé une table-ronde d’échanges entre divers intervenants liés par la problématique spécifique de l’accompagnement pédagogique des étudiants porteurs d’un handicap dans l’enseignement supérieur à Bruxelles. Étaient donc présents: des étudiants et jeunes diplômés dits « à besoins spécifiques », des services d’accompagnement pédagogiques, des stagiaires futurs accompagnants, des représentants des hautes écoles et universités bruxelloises.

Parce qu’il est toujours fondamental de faire remonter les idées que ces personnes « de terrain » ont à nous partager, afin de proposer des réponses politiques pertinentes quant à leurs réalités.

Je me suis rendu compte qu’il est important, pour chaque étudiant, de percevoir très concrètement les difficultés de son handicap et les adaptations nécessaires pour intégrer les contraintes qui y sont liées. Une étudiante aveugle souhaitant devenir institutrice, devra apprendre par coeur une carte géographique avec ses doigts pour seule mémoire. Une autre, après plusieurs échecs en enseignement spécialisé et ordinaire, finira par présenter et réussir le jury central avec l’aide d’un service d’accompagnement pédagogique. Et tous de m’interpeller sur la culpabilité qui est ressentie dans certaines situations, tant vis-à-vis de leurs familles que vis-à-vis des professeurs ou des autres étudiants. Certains n’hésitent pas à se définir la « génération crash tests », eux qui ont été pionniers dans un parcours scolaire en intégration et sont maintenant pionniers dans leur recherche d’emploi.

Quant aux professeurs et accompagnants, j’ai rencontré des personnes terriblement engagées et motivées qui sont parvenues, au fil des années, à accompagner certains jeunes dans un parcours périlleux, mais riche et fructueux !

Chaque fois que je participe à des échanges comme celui-ci, je me rends compte que le changement vient des personnes qui ont voulu faire bouger les choses. Je pense par exemple à Nelly Filipson qui a créé la ferme nos Pilifs. Cependant, on ne peut plus aujourd’hui se contenter uniquement de bonnes volontés. Nous avons l’obligation de rentrer dans des logiques systématiques et structurelles. Le décret relatif à l’inclusion de la personne handicapée que ma collègue Evelyne Huytebroeck a fait voter durant cette législature répond justement à cette obligation. Ce décret définit un cadre qui permettra de prendre des dispositions pour professionnaliser l’accompagnement scolaire entre autres. Car il est de notre ressort, au niveau politique, d’organiser l’inclusion et de la soutenir, à tous les niveaux, dans chaque compétence.

Je mesure à quel point nous, qui vivons dans une société dite évoluée, avons l’art de faire la leçon aux autres sur les questions de respect ou d’intégration alors que nos politiques ont été conçues durant de nombreuses années en « oubliant » toute une partie du public à qui l’on s’adresse et qui a pourtant droit, comme les autres, à un logement décent, à une mobilité efficace, à un accès à la culture et j’en passe. Est-ce normal d’exclure d’office x pourcent de la population ? Non me direz-vous. Mais dès lors que fait-on, chacun, pour inclure ce public ? Pour traduire l’inclusion dans toutes nos décisions politiques ? Telle est la question que nous sommes dans l’obligation de nous poser.

Il reste tout un travail « culturel » à faire également au sein des établissements scolaires, qui ne sont pas encore suffisamment ouverts à la diversité ni organisés pour s’adapter à des besoins spécifiques. Il faut donc organiser par des formations, l’acquisition de compétences, tant pour les professeurs que pour les accompagnateurs qui vont permettre une flexibilité indispensable pour pouvoir accueillir tous les jeunes. Plus loin encore, je mesure à quel point il est important d’organiser un réseau réunissant les enseignants, futurs enseignants et accompagnateurs scolaires pour collectiviser les compétences, centraliser les pratiques, partager les expériences, échanger les savoir-faire et permettre de faire appel à des personnes plus spécialisées dans tel ou tel domaine. Plus de synergies donc entre les services d’accompagnements.

Encore une fois, les dérives administratives de nos institutions ont été pointées. Nos administrations se doivent d’être plus proches des besoins des personnes, pour plus d’équité. Et nous, hommes et femmes politiques, devons nécessairement travailler sur la diminution de l’écart entre l’urgence humaine et la décision politique ou administrative ! Je m’en rends compte chaque jour, dans l’ensemble de mes compétences.

Pour que chacun ou chacune obtienne un logement décent, cela ne nécessite pas un « passe-droit ». Pour que chacun ou chacune obtienne un emploi, cela ne nécessite pas « d’être pistonné ». Pour que chacun ou chacune réussisse ses études, cela ne nécessite pas « un traitement de faveur ». Les Bruxelloises et les Bruxellois demandent une chose fondamentale : que leurs besoins puissent être rencontrés. En tenant compte de certaines spécificités. Et c’est en incluant ces spécificités que nous pourrons faire en sorte que chacun et chacune trouve sa place dans notre région.

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