La Cocof souffre de l’effet ciseaux : ses dépenses sont plus importantes que ses recettes. Un refinancement s’impose. N’en déplaise à certains… Article rédigé par Stéphanie Bocart publié le samedi 10 juillet dans la Libre Belgique.

Vendredi matin, des représentants de l’ASBL L’Arche-Bruxelles, qui accueille et héberge des personnes adultes souffrant d’un handicap mental léger à sévère, ont remis une pétition de 13 000 signatures à la ministre Evelyne Huytebroeck (Ecolo), en charge de l’Aide aux personnes à la Commission communautaire française (Cocof). En cause ? L’Arche-Bruxelles – qui gère quatre foyers résidentiels hébergeant au total 27 pensionnaires, dont quatre en situation de handicap de grande dépendance – est obligée de se séparer d’une personne de grande dépendance, faute d’agrément de la Cocof et, partant, de subsides idoines et d’une « prise en charge correcte des pensionnaires » , se désole Jean-Pierre Aussems, directeur de L’Arche-Bruxelles. Plus grave, « la situation est intenable au point que nous serons contraints de fermer l’un de nos centres » , alerte-t-il.

Malheureusement, L’Arche-Bruxelles n’est qu’une situation déplorable parmi d’autres. Voici en effet déjà de nombreuses années que la Cocof est budgétairement étriquée. « L’ensemble des institutions qui s’occupent de matières personnalisables (petite enfance, enseignement, ) sont dans des situations budgétaires difficiles », déclare Christos Doulkeridis (Ecolo), président du collège de la Cocof, en charge du Budget. Pourquoi ? « Ces matières qui touchent à des problèmes humains et sociétaux importants requièrent beaucoup de personnel, ce qui est positif puisque cela crée de l’emploi à Bruxelles, mais, a contrario, l’évolution des recettes des institutions communautaires ne suit pas celle de l’indexation des salaires », explique-t-il. Conséquence ? « Il y a un écart perpétuel entre les dépenses qui augmentent plus fortement que les recettes. C’est l’’effet ciseaux’ ». Avec un déficit de deux millions d’euros pour cette année, « la Cocof est l’une des institutions qui a le plus faible déficit », se félicite toutefois Christos Doulkeridis. « Je ne peux pas accepter de dépenses nouvelles, et ce malgré des besoins sociaux très importants, parce qu’autrement, c’est l’ensemble de l’institution qu’il va falloir réformer en profondeur et donc supprimer toute une série d’emplois », justifie le ministre-président.

Car, plus globalement, à l’instar de la Région bruxelloise, la Cocof souffre d’un sous-financement structurel, évalué à 25 millions d’euros. « Cela fait partie d’un débat beaucoup plus large qui doit être corrigé dans le cadre des prochaines négociations institutionnelles », rappelle Christos Doulkeridis.

En attendant, ce sont une « gestion rigoureuse » et la solidarité intra-francophone qui priment. La Cocof a ainsi reçu de la Communauté française un ballon d’oxygène de 12,5 millions d’euros. « Pour moi, il s’agit d’un budget structurel jusqu’à ce qu’il y ait une réponse du fédéral qui vienne corriger le sous-financement structurel des matières régionales et communautaires bruxelloises car je ne suis pas intéressé de travailler dans une logique de concurrence entre institutions » , estime l’élu Ecolo. « La solidarité intra-francophone est une première réponse, mais on ne va pas pouvoir tenir comme cela. A terme ce n’est pas tenable ! » , s’exclame-t-il. Et d’être bien conscient qu’à défaut d’une politique de gestion rigoureuse, « si j’ouvrais toutes les portes, j’entrerais dans le jeu de certains qui attendent que cela pète totalement «  Or, « notre demande de refinancement n’est pas un luxe ! » D’ailleurs, « je prends le pari de jouer le guide de Bart (NdlR : De Wever) dans Bruxelles pour lui montrer que si l’on ne menait pas ces politiques de cette façon, cela coûterait encore plus cher » . Et de s’inquiéter par ailleurs : tandis que Groen ! n’a pas les faveurs de De Wever pour intégrer la future coalition fédérale et que les verts francophones pourraient être conviés à monter à bord (NdlR : Groen ! et Ecolo sont un groupe commun à la Chambre), le modèle institutionnel qui prévaudrait serait basé sur « les deux Communautés plutôt que sur les trois Régions ».