Vous trouverez ci-dessous un article publié dans le quotidien Le Soir suite à une interview que j’ai accordée à Véronique Lamquin. Au moment où les associations, les syndicats, les entreprises bruxelloises se sont rassemblés au sein d’une plateforme commune pour l’avenir de Bruxelles, je lance un appel à l’ensemble des formations politiques démocratiques pour réfléchir ensemble au destin de Bruxelles. Cette réflexion pourrait se faire au sein de cette plate forme si elle lance l’invitation. Le visage de Bruxelles a changé en près de 20 ans d’existence. Les défis en matière d’enseignement, de logement, de mobilité, etc. appellent des réponses urgentes qui doivent mobiliser toutes les forces vives. Ce lundi 14 avril, j’étais également l’invité de Frabrice Grosfilley sur Bel RTL ( Cliquez ici pour écouter l’interview) et de Mathieu Col sur Mint fm (cette interview est disponible en cliquant ici.

Le patron des Verts bruxellois appelle à l’union sacrée. Parce qu’il y a urgence. La Région s’appauvrit.

Entretien

Les Bruxellois existent ; ils ne se retrouvent pas dans une Belgique divisée en deux camps… Ce discours, c’est celui d’une plateforme qui réunit patrons, syndicats, représentants du monde culturel et associatif de Bruxelles. Leur démarche, ils la justifient, notamment, par l’envie de dire tout haut « ce que nombre de citoyens pensent et que la classe politique n’ose relayer ». Si le ministre-président bruxellois, Charles Picqué, (PS) a apporté son soutien à la démarche, Christos Doulkeridis, chef de file Écolo à Bruxelles, va plus loin.

Timorée, la classe politique bruxelloise ?

Elle ne s’exprime pas beaucoup. Le terrain, lui, parle. Il fait des propositions basées sur des constats totalement partageables. Où est le politique ? Il faut arrêter d’avoir peur. Arrêter de se dire que tout doit être réglé dans des logiques de majorité contre opposition ou de francophones contre néerlandophones. Pour un certain nombre d’enjeux, nous devons réfléchir ensemble.

De quoi ont-ils peur ? Du reste, jusqu’ici Écolo se taisait aussi.

Je parle ! Et je me suis tu jusqu’ici parce que je ne suis pas le premier parti ! Ce type d’initiatives doit être pris par les partis les plus importants. Mais chez Écolo, on n’a pas peur. J’ai trop souvent entendu, à Bruxelles : attention on ne peut pas discuter avec eux parce qu’ils sont dans l’opposition ou parce qu’ils sont téléguidés par la Flandre. Je ne vais pas perdre ma lucidité ni mes exigences en allant à la table.

Se réunir, avec quel objectif ?

Le destin de Bruxelles doit être maîtrisé par les Bruxellois. En Brabant wallon, à Liège ou à Charleroi, les forces vives, avec les partis, travaillent à un objectif commun. Pourquoi les Bruxellois en sont-ils incapables ? Seule exception : devant le groupe Octopus, le gouvernement bruxellois a parlé d’une seule voix.

L’opposition n’avait pas été associée…

C’était une erreur à ne plus commettre. Qui a eu pour conséquence, sans doute, que tous les partis francophones ne se sont pas battus pour le refinancement de Bruxelles.

L’appel est lancé ?

La plateforme des forces vives peut prendre l’initiative. Si elle le fait, Écolo et Groen répondront présents. Du reste, la plateforme a écrit un projet pour Bruxelles. En tant que président de la régionale d’Écolo, j’ai mis ce texte à l’ordre du jour de l’assemblée générale d’Écolo mercredi soir et de proposer de l’adopter. Groen va faire de même.

Il y a urgence à discuter de certaines problématiques ?

La Région bruxelloise va fêter ses 20 ans l’an prochain. Depuis sa création, Bruxelles a profondément changé : 120.000 personnes ont quitté la ville ; aujourd’hui, un enfant sur deux qui naît à Bruxelles a au moins un parent d’origine étrangère, marocaine, turque ou européenne. La ville est de plus en plus internationale. C’est pour cela qu’Écolo veut étendre le droit de vote des étrangers, européens ou non européens, aux élections régionales. Zoé Genot et Fouad Lahssaini déposeront une proposition de loi dans les prochains jours.

D’autres priorités ?

Bruxelles n’est plus non plus la métropole riche, bourgeoise arrogante qu’elle était il y a quelques années et qu’elle est encore aux yeux de nombre de Flamands et de Wallons. La dualisation s’aggrave. On le voit dans les chiffres du chômage, du nombre d’allocataires sociaux mais aussi dans l’enseignement, où la situation est très grave.

Ce qui fait dire à certains qu’il faudrait le régionaliser…

Mais qui a étudié concrètement cette proposition ? Moi, je défends l’idée que la politique d’enseignement à Bruxelles doit être définie avec les Bruxellois, idéalement par les Bruxellois. Cela ne veut pas encore dire qu’il faut une rupture de solidarité avec la Wallonie ! Mais bon, je veux bien en parler.

La situation bruxelloise est à ce point atypique ?

Oui ! Tous les chiffres montrent combien toutes les inégalités qui existent dans l’enseignement de la Communauté française, reconnu comme l’un des plus ségrégatifs du monde, sont encore plus graves à Bruxelles qu’ailleurs.

Pourquoi ?

Parce que les politiques de la Communauté ne sont pas assez différenciées. Ce n’est pas seulement une question de financement, c’est aussi une question de programme, d’organisation.

C’est possible en laissant les décisions à la Communauté ?

Je reste sur cet objectif-là parce que je crois que ce n’est pas qu’un enjeu pour Bruxelles, ça l’est aussi pour certaines sous-régions wallonnes. La question de la différenciation, elle touche en fait à l’efficacité des politiques publique.