2013-03-04 18.20.44En cette journée de lutte contre la pauvreté, la Brussels Platform Armoede décernait ses prix pour la meilleure et la pire mesure politique dans le domaine. Le secteur associatif joue ici pleinement son rôle d’aiguillon du monde politique en présentant ses attentes et ses déceptions. Les deux prix accordés cette année concernent des mesures liées à la politique du logement. Ils démontrent une fois de plus à quel point la question de la concrétisation du droit à un logement décent pour tous est une priorité tant pour le Gouvernement régional bruxellois que pour le monde associatif. Le prix de la meilleure mesure est accordé aux dispositions innovantes du code du logement que sont la reconnaissance du Community Land Trust, l’épargne collective et les occupations précaires. A côté des récentes mesures adoptées par le Gouvernement (aides à la location sur le marché privé, Alliance habitat, octroi de prêts à taux réduits par le biais des Prêts Booster du Fonds du Logement), cela souligne les efforts consentis ces dernières années sous mon impulsion pour étendre la palette des solutions publiques pour permettre à chaque bruxellois de concrétiser son droit au logement.

Le prix de la « pire mesure », qui va à la disposition du Code du Logement qui permet aux sociétés immobilières de service public (SISP) de produire des logements moyens, témoigne également du souhait partagé par la Région de Bruxelles-Capitale et par le milieu associatif d’augmenter le nombre de logements sociaux en Région bruxelloise. Sur ce point, il est nécessaire de rappeler que cette disposition ne se fera en aucun cas au détriment du logement social, bien au contraire. La disposition est encadrée et fixe des limites claires: des logements moyens ne pourront être créés que lorsqu’il y aura une création nette de nouveaux logements sociaux, et à concurrence maximale de 1 logement moyen pour 4 logements sociaux créés. Au total, la part de logements moyens gérés par la société de logement ne pourra par ailleurs pas dépasser à terme le plafond maximal de 10% de son parc total de logements. L’objectif n’est donc clairement pas de réduire le nombre de logements sociaux existants. Cette mesure permettra d’offrir une plus grande mixité dès le lancement de certains nouveaux projets de construction et permettra aux SISP de proposer des logements accessibles aux personnes dont les revenus dépassent ceux du logement social. Des personnes qui éprouvent également de plus en plus de difficultés à trouver un logement décent sur le marché locatif privé à Bruxelles. Améliorer l’équilibre financier des sociétés de logement social, en les autorisant à s’ouvrir à une petite part de ménages disposant d’une plus grande capacité contributive, c’est une façon de renforcer la capacité de ces sociétés à assumer leur mission essentielle et prioritaire : le développement et la gestion de plus de logements sociaux. Il ne faut donc pas se méprendre. Il est important de ne pas mettre en concurrence les personnes les plus fragilisées avec les familles dont les revenus sont à peine plus élevés que ceux qui donnent accès au logement social. Pour lutter contre la pauvreté, notre priorité doit être la lutte contre l’exclusion sociale et la discrimination à l’emploi.

Le Gouvernement bruxellois a reçu un prix mais a aussi et surtout entendu un appel : il doit rester attentif à la priorité que constitue la création de logements sociaux. Preuve en est donnée par l’Alliance habitat adoptée par le Gouvernement bruxellois qui prévoit un investissement massif de près d’1 milliard d’euros dans la politique du logement. Cette alliance permettra la construction de 6720 logements publics supplémentaires et la rénovation de nombreux logements sociaux existants. Ce rôle de veille du monde associatif, nous le soutenons et il nourrit notre action.