ttbm 021Parfois, la relation patient gay – médecin peut s’avérer délicate. Pour les patients gays et/ou vivants avec le VIH, il n’est pas toujours facile de parler librement à son médecin. Pour les médecins, aborder l’orientation sexuelle et les pratiques de leurs patients peut s’avérer sensible. Voilà pourquoi, avec le soutien de la Cocof, l’asbl Ex Aequo a lancé ce mercredi 11 décembre sa campagne « Je cherche un TTBM » dont l’objectif premier est de renouer le dialogue et lutter contre un problème dormant au sein du monde médical. Elle sera diffusée dans les lieux festifs et associatifs Lesbien, Gay, Bi et Trans (LGBT) de la Région-capitale, mais aussi auprès des plannings familiaux, des maisons médicales et des Fédérations de médecins.

Outre les témoignages que reçoit directement Ex Aequo, l’asbl s’appuie sur l’enquête menée en 2011 par les Facultés universitaires Saint-Louis et l’Observatoire du Sida et des Sexualités pour dénoncer une sérophobie inquiétante qui prévaut encore dans le corps médical. Selon ces chiffres, 13% des personnes séropositives interrogées déclarent avoir déjà vécu un refus de soin. Et si on ne parle que des personnes séropositives homosexuelles, ce chiffre grimpe à 22% !
En France, les résultats de la 5ème enquête sur les discriminations à l’encontre des personnes vivant avec le VIH de Sida Info service (octobre 2012) traduit une triste réalité : alors que le sentiment global de discrimination tend à reculer, le domaine de la santé reste le plus visé. Plus grave encore, ce serait le seul domaine dans lequel le pourcentage de discriminations a augmenté par rapport à l’enquête précédente de 2005, passant de 43,7% à 46,6%.

Au cœur du dispositif, le site Internet www.trestresbonmedecin.be qui se veut être un lieu d’échanges entre patients gays et médecins, avec des conseils, des orientations, la possibilité de laisser son témoignage.

Pour Ex Aequo, l’objectif est multiple: récolter un maximum de témoignages sur les bonnes et moins bonnes pratiques dans le cadre de la relation patient gay-médecin, mais aussi et surtout relancer une dynamique constructive auprès du corps médical. Tous les médecins sensibilisés à la thématique et conscient de leur rôle primordial dans le chaînon de la prévention pourront en effet signer une Charte.

Une fois la Charte signée, le soignant recevra un label « Je suis un TTBM », certifié par Ex Aequo, et qui indiquera aux patients gays qu’ils pourront parler sans crainte et qu’ils auront un interlocuteur dont les connaissances sont adaptées à leurs besoins spécifiques. A terme, cette campagne permettra à Ex Aequo de lister les soignants gay-friendly.

La lutte contre les stéréotypes liés au genre ou à l’orientation sexuelle passe aussi par des initiatives comme le lancement de cette campagne de sensibilisation « je cherche un TTBM ». L’idée est de prôner un meilleur dialogue afin de mener au respect de chacun dans ses différences.
Il est question ici de ne pas stigmatiser ou de faire ressentir cela à des personnes qui ont des pratiques sexuelles différentes.

Notre capital sacré le plus précieux est sans aucun doute notre santé. Or, l’égalité devant la santé n’est pas toujours évidente. Si une majorité des citoyens peuvent bénéficier d’infrastructures et de soin de santé performants, d’autres, faute de moyens, ne peuvent y accéder. Et d’autres encore sont obligés de renoncer à certains soins par peur de se confronter, de parler simplement d’un problème de santé. Les questions de dépression ou d’anxiété, ou encore l’insuffisance de suivi gynécologique ou le risque accru de cancer du sein chez les lesbiennes demeurent. Il n’est pas toujours facile de parler à son médecin car cela signifie parfois un aveu d’homosexualité.

L’écoute mutuelle est souvent à la base de la relation entre le patient et son médecin. Une bonne information tant à l’égard des patients Lesbien, Gay, Bi et Trans (LGBT), qu’à l’égard des médecins, dépend principalement de l’établissement d’une relation harmonieuse basée sur le respect et la confiance réciproque.
Une bonne relation avec son médecin est donc un élément important pour favoriser une écoute de qualité, une bonne prise en charge et éviter des retards de diagnostic.

La lutte contre toutes les formes de discrimination revêt une importance essentielle à mes yeux. Elle doit être l’un des premiers moteurs de la construction de notre société.
Bruxelles développe par ailleurs depuis des années un rôle d’exemple et d’espace de libertés à l’égard du public Lesbien, Gay, Bi et Trans (LGBT). Reconnaissons-le, en Belgique, les droits des homosexuels ont fait l’objet ces dernières années de nettes améliorations : contrat de cohabitation légale, mariage, droit d’adoption, le combat pour les personnes transgenres aussi… Mais il reste encore beaucoup à réaliser. La mise en lumière de cette problématique concernant un bon dialogue entre un patient LGBT et son médecin reste un enjeu important pour favoriser la participation de toutes et tous à la vie collective et à la citoyenneté dans une attitude responsable.

Mais sans doute qu’ici, il importe de ne pas parler de discrimination au sens strict, il est nécessaire d’avoir une réflexion sur la tournure que peut prendre une certaine forme d’intolérance même inconsciente. Ouvrir le débat sur ce type de mécanisme est encore un pas en avant vers une société plus inclusive et pousse à la meilleure compréhension de chacun…

Pouvoir sensibiliser les professionnels de la médecine à cet aspect-là constitue un pas en avant vers une société plus solidaire, plus tolérante et plus ouverte à la diversité humaine.

infos ? www.trestresbonmedecin.be