quil-est-bon-dêtre-mauvais

Vous lirez ci-dessous la question d’actualité que j’ai posée à Marie-Martine Schyns, Ministre de l’Education, à propos de la mise à jour de ce groupe de Facebook qui logeait un échange entre mecs de photos de leur nana à leur insu et dans le confort caché d’un groupe privé. C’est puant et j’ai estimé important, compte tenu des compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de voir quelles politiques de prévention on peut mener dès le plus jeune âge en matière de respect et de lutte contre le sexisme. 

Ma question :

« Ma question s’intitulait initialement: «Comment éviter que nos jeunes garçons, nos jeunes hommes, deviennent des connards? Babylone 2.0». Les services l’ont rebaptisée «Groupe Facebook 2.0» ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Ma proposition initiale était plus explicite. Il faut dire les choses telles qu’elles sont. Je fais référence à des photos et commentaires totalement scandaleux publiés sur le groupe Babylone 2.0. Je pourrais aussi parler d’autres forums que je ne citerai pas afin de ne pas faire de publicité. Dans la même optique, je ne citerai pas d’extraits. Cela en ferait ricaner certains.

Nous faisons face à des attitudes de mecs totalement humiliantes, méprisantes et dégradantes vis-à-vis des femmes. Il convient de s’interroger sur la manière de combattre ce type de phénomène sur le plan pénal, sur le plan des poursuites, sur le plan de la législation, tant pour les forums que pour les sites qui les hébergent. Ces questions ne dépendent pas totalement des compétences de notre assemblée.

Il me semblait donc essentiel de réfléchir à ce que nous pouvons faire, dans les compétences de la fédération Wallonie-Bruxelles, en matière de prévention et d’éducation. C’est pourquoi je vous ai adressé cette question, Madame la Ministre de l’Éducation. Il me semble essentiel de travailler à ce problème, en particulier avec nos jeunes garçons, pour les sensibiliser à ces questions le plus tôt possible. L’objectif est d’éviter de construire de «futurs connards».

Le premier réflexe pourrait être de dire aux jeunes filles d’être prudentes et de ne pas envoyer ce genre de photos à leur copain, mais ce serait les culpabiliser d’un acte qui n’est pas coupable. Elles ne sont pas en tort. L’erreur vient des mecs qui exploitent, détournent et dégradent les images qu’ils reçoivent. C’est un comportement méprisable et un manque de respect envers les filles. Mes questions portent donc sur le travail de prévention que vous comptez réaliser ?

Réponse de la Ministre SCHYNS :

Monsieur, je vous rejoins complètement sur la nécessité de la prévention. Votre question touche trois domaines qui me concernent et qui dépendent des compétences de la ministre Simonis: l’éducation aux médias, la prévention sur les réseaux sociaux et le cyberharcèlement ainsi que la question du respect de la femme.

Concernant l’éducation aux médias, nous travaillons avec le Conseil supérieur de l’éducation aux médias (CSEM) que vous con- naissez bien et qui a édité de nombreux outils très utiles pour les enseignants, mais aussi pour d’autres acteurs du monde éducatif et pour les élèves. Dans le dernier ouvrage «Vivre ensemble dans un monde médiatisé», un passage spécifique porte sur l’utilisation critique des réseaux sociaux. Cet outil, très bien conçu, comporte des séquences bien ficelées qui peuvent être directement utilisables par les enseignants. Via la plateforme Citoyenneté, l’utilisation de ce type d’ouvrage est encouragée et nous travaillons avec le CSEM.

Nous avons différents projets en cours portant sur le harcèlement. Les projets actuels vont au-delà de la sensibilisation ou d’intervention afin d’informer les écoles. Nous privilégions les dé- marches des jeunes comme acteurs des projets. Ils sont invités à donner de la voix sur les réseaux sociaux en respectant certaines pratiques. Je vous renvoie à deux circulaires expliquant ce type de projets: les 5 415 et 5 633.

Enfin, le respect de la femme est vraiment inclus dans des matières liées à l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle. Les écoles ont reçu des balises de plus en plus claires sur la manière l’intégrer dans des cours ou dans des activités éducatives. Nous réfléchissons, avec la ministre Simonis, sur une labellisation des acteurs qui peuvent amener leur expertise dans les écoles sur ces questions qui portent notamment sur l’égalité hommes-femmes.

Réplique :

Je vous remercie, Madame la Ministre, pour ces réponses qui, effectivement, à mes yeux, abordent correctement les trois axes d’actions possibles dans vos compétences. Je crois que ce travail est essentiel.

On continue à sous-estimer les dégâts qui peuvent être commis. Internet aujourd’hui permet des déclinaisons qui offrent des opportunités extraordinaires, mais aussi des dangers tout aussi exceptionnels, dans tous les domaines. C’est donc aussi, mais pas strictement, lié à la question du sexisme. Nous devrions intensifier le travail, car, contrairement aux nombreux discours visant à associer et à ré- duire la question de l’égalité aux personnes qui pratiquent certaines religions, il faut se rendre compte que ce phénomène touche tous les publics. Personne ne peut se sentir exonéré d’un travail à réaliser sur ces enjeux et cette thématique.