Habitat solidaire Lemmens 026Mercredi matin, j’ai eu le plaisir de participer à l’inauguration de l’Habitat solidaire Lemmens à Anderlecht. Cette maison  permettra de donner une nouvelle chance à des femmes et à leurs familles de concrétiser réellement leur droit à un logement décent.

La réalisation de ce projet, à la place Lemmens, au cœur du quartier de Cureghem à Anderlecht, honore de la plus belle manière le travail de tous les acteurs-partenaires concernés. L’Union de Locataires d’Anderlecht-Cureghem  (l’ULAC) et la Maison Rue Verte (maison d’accueil pour femmes et enfants) ont initié ce projet et ont uni leurs efforts en partant du même constat : comment (re)loger durablement des familles monoparentales en difficultés à un prix raisonnable ? La concrétisation de ce projet est le fruit notamment de ce partenariat réaliste et bienveillant soutenu par la Région de Bruxelles-Capitale et les autorités communales.

Crise du logement : les femmes les plus touchées

Aujourd’hui, on ne peut pas ignorer les défis importants que traverse la Région bruxelloise et ce, en particulier en termes de logement. La crise du logement est avant tout une crise sociale dont les premières victimes sont les personnes les plus fragilisées, et tout spécialement les femmes.

Le nombre de parents isolés a augmenté et les données montrent qu’ils sont surtout exposés au risque de pauvreté. Étant donné que 85% des parents isolés sont des femmes, ce risque concerne plus les femmes.

Souvent isolées et ne possédant que peu ou pas de ressources, les victimes de violences conjugales ont généralement beaucoup de mal à assumer les dépenses entraînées par leur départ. Si elles ne peuvent pas regagner le domicile, elles seront réduites à se réfugier dans la famille, chez des amis (pour autant que ce soit possible), à faire appel à un centre d’accueil pour femmes et enfants ou à un refuge pour femmes battues.

Des obstacles à l’autonomie et à la réinsertion des femmes ! Un nouveau départ est souvent difficile, car les femmes victimes de violences rencontrent des difficultés de plus en plus grandes à retrouver un domicile, lorsqu’elles décident de quitter le refuge. Dès lors, la durée des périodes d’hébergement tend à s’allonger.

Pourtant, le fait de disposer d’un logement décent est une des conditions indispensables à la réussite d’une réinsertion sociale et, à l’inverse, le fait de ne pas avoir de toit ou de vivre dans un logement inadapté ou insalubre est une des pires formes que revêt l’exclusion sociale.

Pour une femme seule avec enfants, il n’est désormais plus étonnant de devoir consacrer plus de 50 % de ses revenus au loyer. Dans ce genre de situation, que reste-t-il alors pour se vêtir, pour l’éducation des enfants, pour la nourriture ?

C’est avec cette réalité à l’esprit que, depuis maintenant près de 4 ans, je me bats quotidiennement pour concrétiser réellement le droit à un logement décent pour toutes les Bruxelloises et pour tous les Bruxellois. C’est pourquoi il importe de soutenir les AIPL. Le secteur des associations actives en matière d’insertion par le logement s’est très fortement développé, tant en terme de nombre d’acteurs de terrain, le secteur se compose de 36 AIPL agréées, qu’en matière d’actions menées. Le secteur a évolué pour regrouper des associations aux missions et caractéristiques multiples et hétérogènes. La plupart d’entre elles apportent un soutien quotidien pour aider les personnes les plus fragilisées dans leur recherche d’un logement. La singularité de l’ULAC – et c’est remarquable – repose sur le travail qui est mené pour proposer concrètement un logement.

Face à ces constats, l’investissement de la Région bruxelloise dans la politique du Logement est plus important que jamais. Je pourrais vous rappeler à cet égard l’ensemble des dispositifs que nous mettons en place telle que la construction de logement, la rénovation de logement sociaux, les aides pour accéder à la propriété grâce aux prêts du fonds du logement… mais  ce serait trop long !

Mais je voudrais cependant vous rappeler que nous avons récemment fait adopter en première lecture l’instauration d’une allocation de relogement pour les femmes qui quittent une situation de mal-logement après avoir été victime de violence conjugale.

Pour rappel, la grande avancée de ce mécanisme réside dans le fait qu’il permettra d’octroyer un soutien financier régional aux femmes qui sont considérées comme quittant une situation de sans-abrisme. Cette aide pourra prendre la forme d’une allocation de déménagement (accordée une fois et variant en fonction du nombre de personnes à charge (de 800 à 1040 €) et/ou d’une allocation loyer qui vise à couvrir la différence entre le loyer à payer et 1/3 des revenus du ménage. Elle sera néanmoins plafonnée et variable en fonction du nombre de personnes à charge (de 155 € à 233 €). Elle sera attribuée pour une période de cinq ans, renouvelable une fois pour cinq ans, à 50% de la somme (si les conditions d’octroi sont toujours remplies). Pour les femmes de plus de 60 ans ou handicapées, elle sera octroyée à durée indéterminée.

Réponses créatives et innovantes face à la crise

Mais pour apporter des réponses à un tel défi, une mobilisation générale de tous les acteurs du logement est indispensable. C’est la raison pour laquelle les milieux associatifs et les pouvoirs publics collaborent pour apporter des réponses créatives et innovantes comme celle que nous avons inaugurée aujourd’hui. « Habitat solidaire Lemmens » est à ce titre une remarquable réalisation.

Ce projet démontre d’une part la capacité des associations à réunir leurs efforts, leurs ressources et leurs compétences pour intervenir directement sur le marché immobilier à travers la rénovation et la mise à disposition de logement à 8 familles monoparentales.

La problématique du logement prend ces dernières années, des proportions que personne ici n’ignore, et le secteur associatif intervient souvent en première ligne, en complément des pouvoirs publics, en tentant de trouver des solutions concrètes pour permettre au public bruxellois fragilisé qui s’adresse à lui, de trouver ou de garder un logement.

D’autre part, ce projet est aussi un pari audacieux sur le plan humain. Depuis des mois déjà, ces femmes remarquables pour leur courage ont mis sur pied un projet d’habitat solidaire grâce au soutien de la Maison Rue Verte. C’est une aventure humaine très forte qui renforcera les liens qui les unissent, mais qui aura aussi un impact positif sur le quartier et sur la ville.
Bref, au fur et à mesure de la mise en place de ce projet, on voit apparaître non seulement un habitat solidaire pour femmes en difficultés, mais également la redynamisation d’un quartier « populaire », la réhabilitation d’immeubles et  le principe de réinsertion par le logement de ses habitants.

Mettre sur pied de nouveau modèle d’habitat n’est jamais chose aisée. Cela implique des adaptations, des nouvelles formes de compromis. Pour aider ces initiatives, la Région pourra compter sur la réforme du Code du logement que j’ai proposée et qui se trouve sur la table du Parlement régional. Cette réforme reconnaît enfin une existence juridique aux projets d’habitat solidaire. Cette expérience place clairement les nouvelles habitantes de l’Habitat solidaire Lemmens à l’avant-garde des nouvelles solidarités qui marqueront notre façon de vivre en ville. Cette maison est une réponse concrète à la crise actuelle.