Le parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a voté ce mercredi 21 février une résolution demandant au gouvernement de prendre toutes les mesures permettant d’offrir à courte échéance un repas alternatif végétarien, équilibré, sain et abordable dans nos cantines scolaires. Nous avons soutenu avec enthousiasme ce texte voté avec le PS, le CDh et Défi. Nous ne cessons de le répéter depuis des années : l’alimentation, et plus particulièrement celle de nos enfants, doit être une priorité. Le rôle des cantines scolaires est extrêmement important et relève d’une mission politique. Nous avons donc mené une réflexion bien plus large et globale sur une logique de transition écologique de l’alimentation et nous avons déposé une proposition de résolution argumentée bien plus complète afin d’indiquer au gouvernement le chemin et la direction qu’il convient de prendre en collaboration avec les Régions. Cette proposition propose d’offrir à courte échéance dans l’ensemble des cantines scolaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles des repas biologiques et abordables issus de circuits courts ainsi qu’une alternative quotidienne végétarienne. J’invitais également hier mes collègues parlementaires à discuter ensemble de cette proposition de résolution en commissions dès les prochaines semaines et je suggérais la constitution d’un groupe de travail afin de mener une réflexion plus large.
Je vous invite, pour plus de détails à lire la version intégrale de la proposition de résolution ECOLO.
Voici l’intégralité de mon intervention d’hier en séance plénière :
M. Christos Doulkeridis (Ecolo). – Permettez-moi de partager mon enthousiasme à aborder ce texte qui concerne un enjeu politique longtemps méprisé: l’alimentation, et plus particulièrement celle des enfants. Il est essentiel de se préoccuper de la qualité, de la variété et de l’équilibre des produits qu’ils consomment à l’école. Le rôle des cantines scolaires est extrêmement important et relève d’une mission politique. C’est en effet dans ce sens que le groupe Ecolo a déposé une proposition plus complète que le texte proposé ici, mais j’y reviendrai par après.
Je souhaite donc remercier les auteurs de cette proposition de résolution: M. Dufrane et Mmes Trotta, Vandorpe et Stommen. Je les remercie d’avoir porté cette première étape essentielle visant à introduire une option végétarienne, à œuvrer au renforcement des circuits courts et à proposer des repas équilibrés, savoureux, sains et à prix démocratique dans les restaurations collectives des secteurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Je considère que c’est une première étape dans la bonne direction.
J’entends que certains se demandent pourquoi nous devrions proposer une offre végétarienne plutôt que d’autres possibilités également en cours. Cette question paraît légitime. Néanmoins, l’observation de l’évolution des comportements alimentaires de notre société montre qu’il existe une demande, notamment de jeunes, de plus en plus importante d’éviter la consommation de viande ou de poisson, que ce soit pour des raisons éthiques, philosophiques ou religieuses.
Le mouvement végétarien prend de l’ampleur et comporte plusieurs courants, et notamment, les végétariens, les flexitariens, les vegans. Tous trouvent leur origine dans la prise en compte du bien-être animal dont le monde politique doit prendre conscience. Cette notion intègre non seulement la santé et le bien-être physique de l’animal, mais également son bien-être psychologique et la possibilité d’avoir des comportements propres à son espèce. Le Farm Animal Welfare Council énonce cinq principes qui définissent le bien-être animal et font office de référence dans ce domaine: les animaux ne peuvent pas souffrir de faim, d’inconfort, de douleur, de blessure ou de maladie, ils doivent pouvoir exprimer des comportements naturels propres à l’espèce et ne doivent pas éprouver de peur ou de détresse.
Les violations de ces principes sont nombreuses, comme l’ont montré nos médias. Ces situations sont dénoncées à juste titre de plus en plus régulièrement, ce qui amène une partie de nos publics, pas tous, à opter pour de nouveaux modes de consommation. C’est la raison pour laquelle il est raisonnable de travailler sur des alternatives. Il n’est pas question d’imposer ce type de repas, mais de les mettre à disposition des publics sensibilisés qui ont envie de tenir compte de ces préoccupations à mon sens légitimes.
D’autre part, d’autres types de publics ont d’autres préoccupations, comme les interdits alimentaires parfois prescrits à des personnes par leur religion. Il ne nous appartient pas de juger ces comportements, il suffit de remarquer qu’ils sont pratiqués. Dès lors, nous nous rendons compte que l’alternative végétarienne peut apporter une réponse satisfaisante au choix de consommer ou non un certain nombre d’aliments. Je considère donc que cette proposition va dans le bon sens.
Je voudrais souligner le fait que travailler sur la base d’une résolution, et non pas d’une proposition de décret, est tout aussi important. Cela nous permet de comprendre que les auteurs de cette proposition – et ce fut également le cas avec notre propre texte – sont conscients des difficultés et des diverses étapes à franchir pour permettre à toutes les écoles de pouvoir aller dans cette direction. Nous aurions pu, de manière plus «virile», comme certains aiment à le faire, venir avec une proposition de décret et imposer les choses. Mais ici, il est proposé de travailler par étapes et je pense qu’il est très important de faire confiance au gouvernement dès lors que le parlement lui indique le chemin et la direction qu’il convient de prendre. Il me semble qu’une résolution est un bon moyen de pouvoir avancer concrètement, dans des délais raisonnables, tout en prenant le temps d’étudier les différentes spécificités qui peuvent exister.
Les pouvoirs organisateurs n’ont pas tous la même taille ni les mêmes moyens de pouvoir s’adapter aux diverses réalités et nous devons en tenir compte. Néanmoins, il est essentiel de pouvoir les sensibiliser à ces préoccupations et leur fournir les moyens nécessaires. Ce sera le travail du gouvernement. Est-ce que travailler avec une alternative végétarienne, même si nous avons ajouté, à la demande du groupe ECOLO, le terme «sain» au texte de base, suffit ? Je pense que nous devons aller plus loin et qu’il est essentiel d’inscrire cela dans une réflexion plus globale portant sur une logique de transition écologique de l’alimentation. En effet, nous ne devons pas négliger les aspects liés à l’environnement de l’alimentation, à la santé, à l’économie, à l’emploi, au soutien de nos agricultrices et agriculteurs et professionnels de l’alimentation qui sont en très grande difficulté dans nos régions. Il est donc nécessaire de travailler dans une logique de circuits courts et de permettre d’avancer. Cela nous demande de faire un travail, ici et en collaboration avec les Régions afin de soutenir l’offre d’une qualité alimentaire qui soit meilleure sur l’ensemble des considérants tels que l’impact sur la santé ou l’environnement.
C’est le sens du texte qui a été déposé par le groupe Ecolo et que nous voulons soumettre aux autres groupes. Ceci pourrait être abordé dans les semaines qui viennent si vous le souhaitez. L’idée est de pouvoir avancer, non pas de manière dogmatique, mais sur base argumentée. C’est le sens du texte tel qu’il a été déposé ici. Il contient vingt pages, car nous avons tenté de prendre en considération de manière argumentée toute une série de considérants essentiels. Nous vous proposons de les étudier ensemble, pourquoi pas dans le cadre d’un groupe de travail afin d’aller encore plus loin.
Le texte présent est une bonne initiative. Le groupe Ecolo votera donc en sa faveur, tout en étant conscient que nous devons aller plus loin pour que nos enfants puissent bénéficier d’un repas de qualité. Une attention particulière doit être portée au public le plus fragilisé socio-économiquement, à celles et ceux qui ont le moins de revenus et qui n’ont pas la chance d’avoir un repas équilibré par jour chez eux. Il faut que ce public réalise que le rôle des cantines scolaires est extrêmement important et le lien entre la qualité nutritionnelle des repas et les capacités cognitives des enfants pour étudier, avancer dans la vie et progresser, quel que soit le milieu dans lequel ils évoluent.
Voici également mon interview du 13 novembre dernier à ce sujet pour BX1 (à partir de 2’45 »)